Situé à quelques encablures seulement du chef-lieu de la commune de Rebahia, le bidonville «Tahar Razoui» relève néanmoins de la tutelle administrative de la commune de Saïda. Ce bidonville est né dans les années 1970, dans le sillage de l'expansion urbaine qu'avait connue à l'époque la ville de Saïda. Au fil des années, cette zone d'habitation a commencé à étendre ses tentacules, donnant lieu à l'émergence de dizaines de constructions anarchiques et insalubres, au point où, selon un recensement effectué en 2007, il a été dénombré près de 300 taudis. Dans ce site, les problèmes sont légion ; ils ont pour noms routes non goudronnées, taudis construits à l'aide de bric et de broc, des tôles de zinc en guise de toiture sur lesquelles sont déposés des blocs de pierre pour éviter les folles bourrasques de vent. Dans ce bidonville où l'informel est roi, la débrouille est au rendez-vous, où le branchement illicite au réseau électrique est la règle. Pour ce qui est de l'alimentation en eau potable, une fontaine publique «Rahma» assure un tant soit peu l'approvisionnement à quelques familles, alors les autres sont contraintes de recourir aux brouettes pour s'approvisionner en ce précieux liquide. Le réseau d'évacuation des eaux usées est inexistant, d'où les odeurs nauséabondes et les marigots essaimant dans les dédales tortueuses de ce bidonville où l'éclairage public est également inexistant. Le spectre des maladies contagieuses est omniprésent dans ce lieu même, les serpents ont trouvé refuge. «J'ai trouvé un serpent dans ma cuisine et je ne suis pas le seul, nos baraques sont une fournaise en été et une glacière en hiver», dira Ameur, un père de famille gardien d'usine. Sa fille Inès, âgée de 8 ans, renchérit de son côté: «La nuit, quand je prépare mes devoirs, j'ai peur des rats qui cohabitent avec nous. En hiver, je patauge dans la gadoue gênée par mon cartable pour me rendre à l'école», dit-elle. Par ailleurs, le bidonville n'est pas épargné par les risques d'inondation de l'oued dont le cours passe à proximité. Tout récemment, profitant de notre présence sur les lieux et après avoir constaté une énorme colonne de fumée s'élever vers le ciel, nous avons posé la question à l'un des habitants : Qui a brûlé toute cette décharge sauvage? Il nous a répondu sur air détaché : «C'est pour célébrer la qualification de l'équipe nationale au second tour du mondial, car nous ne disposons pas de fumigènes et de pétards». Le président de l'association dira de son côté : «Nous aimerions ressembler à tout le monde et bénéficier de logements décents avec des douches, des toilettes, des réseaux d'assainissement, des murs solides en pierre, de véritables toits, que les cafards, les rats, les serpents ne soient plus que des cauchemars que l'on oublie et que l'on se tourne vers l'avenir... La wilaya nous a promis notre recasement dans les prochains mois, nous patentions en attendant des jours meilleurs vers l'accomplissement de notre rêve collectif», dira le représentant des habitants.