Le départ de Vahid Halilhodzic doit inciter la Fédération algérienne de football (FAF) à inaugurer une nouvelle ère en matière de communication. Tous les problèmes dans ce domaine entre l'ex-sélectionneur et une grande partie de la presse sont la conséquence de la politique en la matière mise en place par la fédération. Ce fût une faillite. Après Rabah Saâdane, Vahid Halilhodzic, à son tour, a enduré ce mauvais choix. A l'instar de son prédécesseur, lui aussi est tombé dans le piège de l'enfermement dans lequel il a été confiné à dessein. Nulle autre fédération au monde n'a préconisé ce choix adopté par l'instance faîtière du football. Tout comme Rabah Saâdane, le Bosnien a été briefé sur ce sujet sensible. Dès son arrivée à Alger et avant sa prise de fonction, des voix autorisées lui ont signifié qu'il devait se méfier des journalistes, ne pas leur accorder d'entretiens et sont mêmes allées jusqu'à lui souffler d'afficher envers eux, ainsi que les anciens internationaux et sélectionneurs, le mépris. Le Bosnien a foncé tête baissée dans cette stratégie avec les dramatiques conséquences que tout le monde connaît. Vahid s'est mis à dos la corporation, a dressé un mur entre lui et elle, s'est isolé …comme le souhaitaient les initiateurs de la démarche. Les derniers mois ont été un enfer pour lui. Lorsqu'il s'est rendu compte qu'il a été piégé, il était trop tard pour revenir en arrière. Il s'était totalement isolé des médias à la grande joie et satisfaction de ceux qui l'ont poussé dans cette voie sans issue. Lorsqu'il a senti le besoin de s'exprimer, de s'expliquer sur certaines choses liées à sa fonction et son travail, il a découvert qu'il ne pouvait le faire à cause du fossé qui s'est creusé entre lui et les journalistes. Il ne lui restait plus que les chaînes de radio et les journaux étrangers pour s'exprimer et dire ses vérités. C'est dans ce contexte que s'est inscrite sa sortie sur France 24 et sa phrase massue «je ne suis pas un mouton», qui visait principalement le président de la fédération, Mohamed Raouraoua. Cet épisode est intervenu entre la qualification pour le Mondial brésilien et le tirage au sort de la Coupe du monde 2014. Le courant ne passait plus entre les deux hommes. Ils s'échangeaient des coups par le biais de tierces parties. Jamais frontalement. Ils sont restés sur la même ligne jusqu'au bout du contrat. Jamais dans la longue histoire de l'équipe nationale, le chapitre de la communication n'avait été aussi mauvais et négatif que durant les périodes où Rabah Saâdane et Vahid Halilhodzic ont été à la tête de l'équipe nationale. Un sélectionneur qui ne s'exprime jamais sur les colonnes et ondes de la presse nationale et qui le fait régulièrement sur les mêmes supports étrangres, plus particulièrement français, qui boude les conférences de presse, qui critique à tout bout de champ les journalistes algériens … le tout dans un silence assourdissant de la part de la fédération. La morale de l'histoire est la suivante : et Saâdane et Halilhodzic ont été jetés en pâture. C'est le sort qui attend le prochain sélectionneur, Christian Gourcuff si la Fédération ne change pas sa stupide stratégie de communication qui vise un seul objectif, créer la confusion et la division entre le staff technique et les médias. La FAF porte l'entière responsabilité de la faillite programmée dans le domaine de la communication. Elle semble avoir fait sienne la devise honnie «diviser pour régner». Elle a tellement cultivé le culte du secret, du refus d'instaurer de véritables canaux de communication entre le sélectionneur et les médias, qu'elle a fini par provoquer une fracture entre les deux parties. Le temps est venu de sortir des carcans et des méthodes dignes des régimes d'Enver Hhodja (Albanie) et Kim Il Sung (Corée du Nord). Ce qui est arrivé à un membre de la délégation Sorocaba renseigne sur le degré de pourrissement où est arrivé l'environnement de l'équipe nationale. A son insu, d'autres membres de la délégation ont dérobé le code d'ouverture de son compte email pour l'éjecter du circuit. Un épisode digne d'un film de série noire. Un peu de transparence ne ferait de mal à personne.