Après un mois de compétition, le plus important rendez-vous de la planète a pris fin hier avec la victoire de l'Italie sur la France. Le match est allé jusqu'aux tirs au but pour désigner en fin de parcours la Squadra Azzurra championne du monde. Une victoire finale qui permet aux Italiens de décrocher pour la quatrième fois le trophée grâce à une formation qui a su se transcender dans les moments difficiles, comme ce fut le cas lors de la rencontre face au pays organisateur. Les Français, pour leur part, ont retrouvé leur équipe grâce au capitaine courage que fut Zinedine Zidane. A lui seul, il a su remettre sur les rails la formation des Bleus que personne n'avait pronostiquée pour une finale. Zidane a fait ses adieux au football en écopant d'un carton rouge dont l'arbitre de la rencontre aurait pu largement se passer eu égard au parcours du joueur. Mais il était écrit quelque part que Zidane inscrira son dernier but lors d'une finale de Coupe du monde, ce qui n'est pas à la portée de tous. La Coupe du monde en terre allemande n'a pas été très riche techniquement, mais elle a réussi à donner des sensations dont elle seule détient le secret. Elle a permis à des équipes comme le Ghana, Trinité-Tobago ou l'Ukraine de se faire un nom, à des joueurs de se mettre en valeur, à toute une planète de voir dans la même direction, celle tracée par la trajectoire du ballon. Elle aura prouvé encore une fois que le football demeure cette discipline qui sait s'y prendre pour réunir des millions de personnes. Par contre, il ne faut pas croire que le monde entier s'est arrêté durant cette finale pour assister à la rencontre. A Ghaza, dans les territoires palestiniens, l'armée israélienne d'occupation continue ses raids aériens contre des civils pour faire encore des morts, des blessés, des destructions. A Ghaza, il n'y a pas d'électricité pour pouvoir suivre les péripéties de Zidane, Camoranesi, Henry ou Del Piero pour la simple raison que la seule centrale a été partiellement détruite par les attaques israéliennes. En face, les Palestiniens, qui n'ont que des roquettes artisanales comme armes de combat face à une puissance mondiale, marquent leur détermination à lutter pour leur survie. Curieusement aussi, cette finale de Coupe du monde rappelle celle de 1982 marquée au même moment par l'incursion de l'armée israélienne dans Sabra et Chatila et le massacre des Palestiniens qui s'en est suivi sous le regard amusé de Sharon. Faut-il rappeler que les détenteurs de la Coupe du monde de 1982 n'étaient autres que les Italiens qui n'avaient pas hésité à dédier ce trophée aux victimes de Sabra et Chatila. C'était suffisant pour que des millions de sportifs arabes et musulmans se mettent alors derrière la Squadra pour en devenir des tifosi. Le souvenir est resté vivace, puisque plusieurs capitales ont fêté la victoire de l'Italie, même si par endroits tout un chacun avait une pensée pour Zidane.