Le dialogue intermalien s'est poursuivi hier à huis clos dans une résidence d'Etat sur les hauteurs d'Alger. Le premier fait à relever pour cette troisième journée de tractations : la coalition formée par le Mouvement pour la libération de l'Azawad (MNLA), le Haut conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA) et le Mouvement arabe de l'Azawad (MAA-dissident) a remplacé son chef de délégation. C'est Alghabass ag Intalla, secrétaire général du HCUA, qui a succédé au vice-président du MNLA, Mahamadou Djeri Maïga. Pourquoi ce changement ? Les groupes politico-militaires du nord du Mali, affirme une source proche de la rébellion touareg, n'ont pas apprécié la sortie intempestive du vice-président du MNLA, mercredi à l'hôtel El Aurassi, à la cérémonie de lancement de la phase initiale des négociations intermaliennes. Pour eux, il s'agissait d'un «dérapage» qu'il fallait vite corriger. L'attitude du chef rebelle touareg, ajoute la même source, ne peut pas se justifier puisque tous les détails liés au déroulement de la rencontre (protocole, identité des présents, temps de prise de parole, disposition des chaises, etc.) ont fait l'objet d'un accord préalable. Du moins était-ce le cas pour cette cérémonie d'ouverture. Quelle mouche a donc piqué le vice-président du MNLA ? Les groupes armés préfèrent, pour le moment, tourner la page. M. Maïga avait, rappelle-t-on, prononcé un discours véhément qui avait surpris l'assistance dans lequel il avait annoncé le refus de la coalition qu'il dirige de s'asseoir à la même table que les autres groupes invités au dialogue. L'allusion est faite bien entendu au CPA, au MAA et au CM-FPR. La raison ? Pour lui, ils sont proches de Bamako et n'ont pas la légitimité dans la mesure où ils n'ont pas pris les armes contre Bamako. Bref à ses yeux, ils ne peuvent pas être considérés comme des belligérants. Le vice-président du MNLA avait estimé également que les négociations allaient trop vite. Inattendu, son intervention a fait peser de sérieuses incertitudes sur tout le processus de paix. Mais depuis, la tension est retombée et les différents protagonistes de la crise se sont remis studieusement à la tâche. S'agissant des négociations proprement dites, les choses sérieuses n'ont pas encore commencé. Comme pour la journée de jeudi, le débat a essentiellement tourné hier autour la manière dont doit s'organiser le futur dialogue. Les groupes armés du nord du Mali, les autorités de Bamako et les médiateurs doivent d'abord définir le cadre des discussions. Tout le monde espère pouvoir y parvenir avant la fin du mois de carême ou au plus tard au début du mois d'août. En attendant, chaque partie a fait un point sur les différentes propositions de feuilles de route présentées jeudi. Etrangement, les représentants du gouvernement malien sont venu à cette réunion les mains vides, cela tout autant d'ailleurs que deux des trois groupes que le MNLA accuse d'être acquis à Bamako. Les observateurs s'attendent à ce que la question des «parties présentes» soit au centre des débats du projet de feuille du dialogue intermalien. Dialogue dont on attend qu'il mette fin durablement aux révoltes cycliques des populations du nord du Mali contre l'autorité de Bamako qui durent depuis plus d'un demi-siècle.