Plus aucune autorisation pour tenir un congrès constitutif d'un parti déjà existant et encore moins pour agréer une quelconque formation politique. Un autre verrouillage politique en perspective… Deux ans après la reprise des attributions d'agrément aux partis politiques, le ministère de l'Intérieur tire le frein. Depuis plusieurs mois, les services du ministère de l'Intérieur ne délivrent plus ni autorisation pour tenir un congrès constitutif d'un parti politique ni encore moins un agrément pour une quelconque formation. L'information aurait pu passer inaperçue, mais depuis que des personnalités très en vue sur la scène politique veulent créer un parti politique, la donne a changé. Cette nouvelle pratique, qui replonge le pays dans le schéma des années 2000, lorsque Bouteflika ne voulait entendre parler d'aucun nouveau parti, est donc redevenue publique grâce à deux acteurs majeurs et très médiatiques de la scène politique : Ali Benflis et Karim Tabbou. L'ancien premier secrétaire national du FFS et fondateur de l'Union démocrate et sociale (UDS) a été le premier à tirer la sonnette d'alarme. Karim Tabbou, qui a annoncé en octobre 2012 la création d'une nouvelle formation politique, a été obligé d'avoir recours à une méthode ingénieuse pour attirer l'attention à la fois de l'opinion publique et du ministre de l'Intérieur, sur le déni dont fait preuve le pouvoir à propos de son parti. Le député a organisé un sit-in dans l'hémicycle de la Chambre basse du Parlement pour revendiquer son droit «constitutionnel à organiser le congrès de l'UDS». «J'ai vu, j'ai lu et entendu. Je vais prendre en charge la revendication» de Karim Tabbou, a répondu juste après le ministre de l'Intérieur, Tayeb Belaïz. L'ancien Premier ministre, Ali Benflis n'a pas «la chance» de Karim Tabbou. Les militants chargés de déposer le dossier de son parti en construction, Le Front des libertés, n'ont même pas pu avoir un contact au niveau du ministère de l'Intérieur. C'est ce qu'affirme Azzouz Nasri, chargé des contacts avec les autorités au sein du parti de Benflis, dans une déclaration au quotidien El Khabar. Ce dernier indique même qu'il a contacté le ministère à deux reprises. En vain. Mépris de la Constitution Un ancien soutien à Abdelaziz Bouteflika n'échappe pas à ce qui semble être une nouvelle orientation du pouvoir. Dans un long communiqué rendu public hier, Abdelghani Touhami accuse le régime de l'actuel chef de l'Etat de «violer les libertés». L'homme qui veut créer un parti nommé Nouvelle génération libre s'attaque à Bouteflika qui a «menti», selon lui, en «donnant de faux espoirs» aux Algériens. Ces partis politiques ne sont qu'un exemple d'un nouveau verrouillage du champ politique. Cette attitude a été celle de Abdelaziz Bouteflika et de tous les ministres de l'Intérieur qui ont travaillé avec lui depuis 1999. Durant 13 ans, aucun parti politique n'a été agrée, au mépris de toutes les lois, à commencer par la Constitution qui garantit le «droit à la création d'un parti politique». Pour expliquer cette violation de la loi, l'ancien ministre de l'Intérieur, Daho Ould Kablia avait justifié cette fermeture par «des raisons politiques». C'est apparemment cette «raison» politique qui se poursuit après la parenthèse de 2012 qui a vu la création de dizaines de petits partis politiques. Nos tentatives de joindre le ministère de l'Intérieur n'ont pas abouti.