Un groupe terroriste composé de six éléments, selon les témoignages recueillis sur les lieux, a investi le camping familial de Naftal à Tipaza, vers 22h, dans la nuit du 10 au 11 juillet. Cinq personnes assassinées et deux autres blessées, tel est le bilan de cette incursion à l'intérieur du centre de vacances des familles des travailleurs de l'entreprise publique Naftal, qui se situe à quelques encablures à l'est de la localité côtière de Larhat. Cette dernière se trouve à l'ouest de la wilaya de Tipaza, 68 km du chef-lieu de la wilaya. Un témoin qui n'habite pas loin du centre sur les hauteurs et ayant perdu ses proches lors de cette attaque terroriste affirme que les coups de feu et les explosions ont commencé à 22h40 et se sont tus à 00h05. Les mêmes témoignages révèlent aussi que le groupe terroriste qui a investi ce lieu de détente était « couvert » par d'autres éléments postés à l'extérieur. Un patriote et quatre éléments de la garde communale qui étaient chargés de la sécurité du camping ont été surpris par l'attaque. Ils ont été abattus, alors que le reste des éléments chargés de la sécurité, au nombre de quatre, ont réussi à échapper au piège tendu par la horde de criminels. Parmi les victimes, il est dénombré deux campeurs. Ces derniers ont été blessés par balle, alors qu'ils fuyaient vers la plage. Hier matin, à 09h05, deux hélicoptères de l'ANP armés de roquettes survolaient Messelmoun et se dirigeaient vers le sud-ouest, la direction prise par les terroristes après avoir accompli leur horrible crime. Sur les lieux du crime, les visages des femmes, des enfants et des hommes étaient marqués par la fatigue. Sous le choc, les estivants, assis, entourés de leurs bagages attendaient l'arrivée des bus pour retourner chez eux. Certains cris et pleurs surgissaient d'une tente. Les familles qui campaient dans ce centre de vacances sont originaires de wilayas éloignées (Ouargla, Djelfa, Laghouat, etc.). Ces familles des travailleurs de Naftal sont installées dans ce camping depuis le 2 juillet. « Nous nous sommes rendu compte tout de suite qu'il s'agissait de terroristes », raconte une jeune fille qui ne voulait pas rejoindre le bus sans être accompagnée de son père. « Ils étaient six et je suis sûre que leurs complices se trouvaient à l'extérieur du camping. Ils sont rentrés par l'oued et certainement par un autre chemin, probablement celui de l'ouest. Ils n'avaient pas de barbe. Ils portaient d'anciens uniformes. Quand ils nous ont adressé la parole, ils avaient un accent oranais, sauf l'un d'eux qui parlait avec un accent kabyle. Sous la menace de leurs armes à feu, nous avons passé un long moment avec eux, avant l'arrivée des forces de sécurité », a poursuivi notre interlocutrice. Et d'ajouter : « Ils nous ont demandé de leur remettre tous les objets en or sous prétexte que c'est haram et après avoir frappé à la porte de notre bungalow, ils ont voulu savoir si un des gardes communaux se trouvait à l'intérieur avec nous. Nous avons répondu par la négative. Le terroriste a menacé de faire sauter notre chambre s'il découvre le contraire. Je lui ai répondu qu'il n'y avait que des femmes et des enfants. En plus de l'or, il m'a alors demandé de lui remettre "ennaqal" (téléphone portable, ndlr). J'ai récupéré, sous la menace, les téléphones portables pour les lui donner le sucre, le café, le lait en poudre et d'autres produits alimentaires qu'ils ont emballés dans de grands sacs. » Les terroristes, ajoute-t-elle, ont organisé une « halqa » pour ordonner aux femmes et aux jeunes filles de porter le hidjab, de faire la prière et ne pas écouter de la musique. « Nous sommes des salafistes », ont-ils dit à quelques familles prises en otages, témoigne notre interlocutrice. Une autre jeune fille et un garçon ont bien voulu décrire aussi le cauchemar qu'ils ont vécu dans ce camping. « Nous avons reconnu quelqu'un parmi les assaillants. Il s'agit d'une personne qui avait les cheveux longs et qui s'est baignée dans l'après-midi d'hier avec nous à la plage du camping. Il était peut-être accompagné d'autres terroristes. Cela nous a surpris de le voir avec une arme avec les autres terroristes. Ils sont passés à l'action à la nuit tombée. Ils ont brûlé trois voitures qui se trouvaient dans le parking. Maintenant, il ne nous reste plus qu'à quitter ce lieu maudit. Qu'ils ne disent plus que la paix règne dans notre pays », déclarent nos deux interlocuteurs encore sous le choc. Selon un autre témoin, plus âgé, le nombre des familles qui séjournaient dans ce camp au moment de l'incursion terroriste dépassait la quarantaine. Hier, les personnes chargées de l'encadrement du centre de vacances de Naftal de Larhat tentaient de calmer les femmes et les enfants, tout en les aidant à charger leurs ustensiles et bagages dans les premiers bus mobilisés pour les ramener chez eux. Leurs vacances n'auront duré qu'une semaine. Les deux campeurs blessés par les terroristes en fuyant par la plage ont été évacués dans la nuit de lundi à mardi par les éléments de la Protection civile. Un habitant confie que les terroristes ont opéré plus d'une dizaine de fois dans ce « quartier », sans avoir osé s'approcher du camping. « Ce qui vient de se passer durant la nuit dernière est extrêmement grave », lance avec amertume et inquiétude ce citoyen qui avait assisté, impuissant, à cet acte criminel. Le groupe terroriste, auteur de l'attaque du centre de Naftal, a signalé sa présence dans la région en décapitant, il y a quelques jours, un citoyen (ndlr, le frère d'un terroriste) et un douanier, voisin de la victime à la sortie sud-ouest de Gouraya. Les terroristes qui opèrent dans cette partie ouest de Tipaza sont identifiés par les éléments des forces de sécurité. Après l'événement macabre, le camping familial Naftal de Larhat s'est vidé de ses estivants. Il risque de se transformer en caserne le temps de combattre les criminels.