Une semaine après avoir fait son apparition à l'est du pays, la fièvre aphteuse semble se propager à grande vitesse et les mesures de prévention mises en place pour la confiner ne donnent pas de grands résultats. Alors qu'il ne concernait que la wilaya de Sétif où l'on a détecté le premier foyer de bovins atteints, le virus aphteux, très contagieux et dangereux pour le cheptel, touche aujourd'hui huit autres wilayas du centre et de l'est du pays. Le déplacement du ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Abdelouahab Nouri, sur les lieux des foyers contaminés, a été l'occasion de faire le point sur la situation mais aussi d'alerter l'opinion publique, éleveurs et maquignons en premier lieu, sur la gravité du problème. Même si le ministre affirme que les services concernés maîtrisent la situation, il ne dit pas cependant que la maladie n'est pas totalement endiguée. Certes, on est loin des dégâts occasionnés par l'épidémie de 1999, où la maladie a atteint le Maroc en quatre jours seulement. Il n'en demeure pas moins que le risque d'une propagation plus importante, touchant notamment l'ouest du pays jusque-là épargné, n'est pas à exclure. Les autorités publiques appellent à cet effet à une plus grande implication des éleveurs, au strict respect des mesures de prévention et à déclarer tout cas suspect de maladie. Mais le travail de sensibilisation entrepris par les services vétérinaires ne suffit toujours pas à faire circuler de manière efficace l'information auprès de beaucoup d'éleveurs. Pris de panique, «ils ne reconnaissent pas tous l'obligation de déclarer les foyers de fièvre aphteuse de crainte de voir abattre tout leur cheptel au cas où un animal serait atteint et avec l'espoir d'en sauver une partie», relève un responsable de la direction des services vétérinaires (DSV). Pourtant, selon son directeur général, Karim Boughanem, les procédures d'indemnisation ont été enclenchées pour dédommager, à hauteur de 80% de la valeur de la bête, tout éleveur ayant déclaré la maladie auprès des services concernés et possédant un ordre d'abattage délivré par un vétérinaire. Le même responsable précise par ailleurs que l'infection virale «évolue comme prévu et l'effort de vaccination entrepris autour des foyers contaminés permettra de confiner la maladie et de l'empêcher de toucher d'autres régions». Pas moins de 100 millions de dinars ont été débloqués pour l'achat de 900 000 doses de vaccin auprès de deux laboratoires européens spécialisés dans la santé animale. Il convient de rappeler que l'élevage bovin en Algérie constitue l'amont de deux filières : il fournit 70% du lait cru, soit 1,68 milliard de litres, et 30%de l'offre en viande rouge, l'équivalent de plus de 100 000 tonnes. Le ministère de l'Agriculture rassure que des mesures ont été prises pour assurer une alimentation régulière et normale des marchés en viande.