Sur le registre des faillites de l'Algérie indépendante, il y a lieu d'inscrire en gras le grand gâchis économique 2000-2014. Alors que le cercle infernal des déficits s'est remis à vrombir, le gouvernement s'apprête à nouveau à faire valser l'argent dans le cadre de la loi de finances 2015 et du plan quinquennal 2015-2019. L'année 2015 s'annonce aussi coûteuse que les précédentes. Certaines dépenses se révèlent incompressibles depuis que l'Etat dépensier s'est pris le pied dans le tapis glissant du socialisme débridé. Les dépenses publiques suivaient, ces dernières années, un rythme trois fois plus rapide que la croissance du PIB. La hausse des dépenses a entraîné sur son passage d'importants déficits. Le Trésor public affichait un déficit de 44 milliards de dollars en 2012, 29 milliards de dollars en 2013 et des prévisions de 45 milliards en 2014, affaibli par d'importants décaissements, dédiés essentiellement à entretenir la paix sociale. C'est le serpent qui se mord la queue. L'équilibre budgétaire se lézarde sous l'effet d'une dépense plus que jamais pesante. A moins d'un sursaut d'orgueil, le gouvernement se dispose à calquer au papier carbone l'année 2015 sur celle en cours, le quinquennat 2015-2019 sur le mandat précédent et les échecs de demain sur les faillites d'hier. L'année 2015 sera encore celle de tous les excès. L'expansion budgétaire produira davantage de déficits et grignotera les disponibilités du Fonds de régulation des recettes (FRR), censé pourtant être un amortisseur macroéconomique. Le recours à cette caisse à même de colmater le découvert du Trésor n'a jamais été aussi accru. D'autant que le gouvernement fait chauffer encore ses distributeurs à billets pour financer les prochaines dépenses inscrites dans la loi de finances 2015 et la première phase annuelle du plan quinquennal 2015-2019. A défaut d'une bonne gouvernance économique, les lois de finances et le bon gré des décideurs s'attribuent le rôle d'une stratégie économique à courte durée. Le clou du spectacle est que l'on reconduit annuellement la même construction des budgets, les mêmes incohérences, voire les mêmes déficits. Alors que s'impose une refonte de fond en comble du modèle économique. L'opiniâtre politique de développement par l'infrastructure, entamée depuis 2000, a montré ses limites. De coutume, un tel modèle économique est limité dans le temps afin que l'économie productive ne soit pas mise en difficulté ; autrement, il doit être complémentaire et au service de l'économie productive. Il est temps de faire son mea maxima culpa et de passer aux choses sérieuses. La gestion hasardeuse et fantaisiste des deniers publics – et de l'économie en général – fait déjà de terribles ravages. Depuis 2000, l'économie a détruit plus de richesses qu'elle n'en a créé. Preuve que les moteurs réels de la croissance économique sont en panne. Et pour cause : rarement le pays n'a été aussi désindustrialisé. La contribution des secteurs à forte valeur ajoutée au PIB est infime. Pendant que les déficits extérieurs commencent à poindre, le pays se voit confronté au quinquennat de la dernière chance.