Pour une myriade de promeneurs en quête de divertissement, le Club hippique populaire de Mohammadia (CHPM) est considéré comme un lieu réservé à une frange huppée. Rien n'est plus faux. D'après le directeur du centre, K. Harbi, le club qui relève d'une association chapeautée par le président A. Lekouara, tolère certains visiteurs respectant la réglementation. « Toutefois, faute de parking et pour certaines raisons liées au règlement intérieur, l'accès n'est pas permis à tout le monde. Néanmoins, 80 % de nos adhérents sont issus de familles dont le père est salarié », a indiqué le directeur. La création du club hippique, en se référant à un document remis par la direction, remonte à la période coloniale sous l'appellation Club hippique populaire algérois. S'étalant sur une superficie de 3,74 ha, il dispose d'une carrière de compétition en gazon et de deux autres en sable, destinées aux entraînements. Il est constitué également d'une tribune officielle et de deux autres amovibles totalisant une capacité de 350 places. En sus de ces structures, le club dispose d'une aire de cross de 3000 m2, d'une salle polyvalente, d'une cafétéria et d'un hangar de 250 m pour le stockage de l'orge, du fourrage et de la paille, nécessaire à l'alimentation des chevaux. Le même document précise que 20 agents sont employés par le club qui compte 54 chevaux, dont 36 relèvent de sa propriété. La première moitié est destinée à la compétition, l'autre à la formation. Pour les 18 autres pensionnaires restants, 6 sont réservés à la formation et 12 à la compétition. En outre, cette représentation sportive est dotée d'une école de formation de cavaliers adhérents regroupant toutes les catégories, à savoir 54 cadets, 25 juniors, 67 seniors, 32 pour la catégorie des loisirs. Pour le vice-président, A. Rayane, les étalons du club relèvent de différentes races équines. « Le cheval le plus distingué est le barbe. Il est originaire d'Afrique du Nord. L'arabe barbe est aussi très recherché. En les comparant au pur-sang anglais né et élevéen Algérie, qui se montre quelque peu ténu, ces étalons sont des chevaux d'école. Ils sont dociles et obéissants », a-t-il indiqué. Par ailleurs, M. Harbi a tenu à remarquer que les frais d'inscription sont au-dessous du prix réel. « La cotisation annuelle fixée à 4000 DA et les droits de montée qui correspondent à 6 séances pour une somme de 500 DA le mois, constituent une part insignifiante par rapport aux charges liées directement au cheval, estimées à 15 000 DA par mois », a expliqué le directeur. Foisonnant dans le même ordre d'idées, M. Rayane enchaîne : « Ce sont des prix subventionnés.Pour atteindre le prix réel assurant la rentabilité d'un cheval, il faut fixer la somme de 180 DA l'heure. En conséquence, il faut cumuler 6000 à 7000 DA par mois. Toutefois, si les clubs privés prolifèrent, les prix seront revus à la hausse. » Cet interlocuteur dénonce, cependant, le manque de reconnaissance de la part des autorités locales à l'égard du club.« En dehors du club équestre, la commune ne connaît aucun titre. Pourtant, la pétanque est largement subventionnée par rapport à l'équitation qui est considérée comme un sport bourgeois.C'est une vision erronée », a-t-il remarqué. Mais le hic, c'est que ce club considéré comme un joyau à préserver, est selon les mêmes déclarations, déprécié par les représentants communaux. « Ceux-ci l'ont proposé comme terrain d'assiette pour la future grande mosquée d'Alger », a révélé notre interlocuteur. Pour le moment, le club est au trot et au galop. Pourvu que cela dure !