Malgré la décision d'arrêt temporaire des travaux de réalisation d'un immeuble en R+14, l'entrepreneur poursuit le déblaiement du terrain. La police n'aurait pas notifié la décision au concerné, conteste la population. Les résidants de la cité Les Sources à Bir Mourad Raïs, qui contestent la réalisation d'un immeuble sur un espace vert, ont eu gain de cause. Mais à moitié seulement. L'APC de Bir Mourad Raïs a, en effet, décidé de notifier l'arrêt des travaux. «J'ai notifié hier (lundi, ndlr) l'arrêt temporaire des travaux pour modifier l'étude du dossier technique de l'immeuble, mais aussi suite à la protestation de la population. L'arrêté a été notifié au concerné par la police qui n'a pas trouvé le gérant sur place. Le permis est délivré d'une manière légale, mais il est toujours possible d'y apporter des changements demandés par la population», a indiqué à El Watan le P/APC, Mohamed Zikem. Sur place, toutefois, des ouvriers s'affairent toujours sur le chantier malgré la décision du maire de «gel» des travaux. «Le responsable passe outre la décision du maire qui a appelé, aujourd'hui encore (hier, ndlr) la police qui ne s'est étonnamment pas déplacée», s'étonne Mohamed Hachemi, président du comité de quartier. La population continue de manifester sa colère contre le chantier engagé par la société KMNN Immobilier. Des rassemblements sont organisés jusque tard le soir. «On ne s'avoue pas vaincu. On continuera à manifester pacifiquement et à interpeller les autorités, à leur tête le wali d'Alger, M. Zoukh, qui doit réagir et faire appliquer les lois de l'urbanisme», précise Hachemi. En plus d'ôter l'espace vert aux riverains, les travaux de déblaiement ont fait disparaître à jamais une vingtaine d'arbres et endommagé le réseau AEP, privant d'eau toute cette partie de la commune. «Les travaux ont occasionné la rupture de deux conduites, avant-hier, contraignant la Seaal à installer une vanne dans le chantier», précise le président du comité. Le terrain litigieux a été cédé par le Centre national d'études et de recherches appliquées en urbanisme (CNERU) à un premier acquéreur qui l'a hypothéqué. N'ayant pu rembourser le prêt, sa banque l'a mis en adjudication. «Le CNERU a cédé tous les terrains de la cité à des spéculateurs fonciers. Le premier qui a acquis notre terrain a contracté un prêt qu'il n'a pas pu rembourser. L'assiette a été saisie et le spéculateur est en fuite. La banque a vendu aux enchères l'espace cédé à la promotion qui compte construire un immeuble d'habitation avec des commerces», a indiqué Me Bourayou, lors d'une conférence improvisée samedi dernier, tout en rappelant les infractions aux règles de l'urbanisme (octroi du permis, POS, etc). L'acquéreur de l'assiette de près de 2500 m2 qui serait, précise un courrier adressé au président de la République et dont El Watan détient une copie, «un gros importateur de viande qui se prévaut de solides liens au sommet de l'Etat», compte réaliser un immeuble. Le président de l'APC conteste avoir fait l'objet de pressions d'autorités placées en haut lieu. «Je suis libre de mes faits et gestes. La commission de la wilaya s'est réunie pour l'étude de trois projets : l'un pour le compte de Dahli, un deuxième pour la réalisation du siège du Fnpos à Dar El Beida, et le troisième est consacré au projet des Sources. J'ai demandé au promoteur de prendre en charge le problème du stationnement. Il a répondu en décidant d'aménager un 2e sous-sol», relève M. Zikem. Une action en référé, jeudi dernier, pour l'arrêt des travaux a été engagée par les riverains. La décision du juge a été reportée après la demande de la partie adverse.