Comme c'est presque de coutume chez les hommes d'affaires émiratis en prospection de nouveaux marchés au Maghreb, on préfère — par souci d'efficacité peut-être, ou par simples réflexes — traiter avec Dieu plutôt qu'avec ses saints. La démonstration nous a été faite, avant-hier, lors de la présentation par le groupe émirati, Emaâr, au Palais du peuple, de 5 mégaprojets concernant Alger et ses environs. Le chef de l'Etat, accompagné de son chef du gouvernement et du ministre du Tourisme, a eu à écouter les explications des responsables du groupe sur ce que sera peut-être un jour le « devenir » de la baie d'Alger, appelée à subir une véritable mue. Par mue, les concepteurs de l'avant-projet entendent d'abord créer « une nouvelle relation » de la « ville avec son front de mer », a indiqué un responsable d'Emaâr, ou comme dirait l'ex-gouverneur d'Alger : « Une ville qui ne tournerait pas le dos à la mer. » La baie récupérera aussi de l'espace maritime 1 km2. Elle aura 4,4 km de front de mer et une superficie totale de 2,6 km2. Avec ses marinas, ses canaux d'eau, le front de mer donnera à la capitale un « nouvel éclat », affirme-t-on. La baie d'Alger sera dotée d'hôtels luxueux, de bureaux et d'appartements de haut standing, d'aires commerciales, de produits de luxe, d'aires de loisirs. Le tout agrémenté d'une particulière attention pour les plans d'eau, les espaces verts, et ce, dans le souci de créer une ambiance calme et sereine alliant luxe et raffinement. Le complexe se situera le long de l'autoroute de l'Est, à proximité de la foire d'Alger. Sous sa forme de croissant lunaire, la péninsule, qui sera érigée en pleine mer, sera dotée d'un port de plaisance et constituera un centre d'affaires, de tourisme et d'activité commerciale. La baie d'Alger comporte également 6 îlots, dont 4 arrondis, reliés par des ponts et des ports de plaisance, renfermant des complexes touristiques et des résidences. Les autres projets traitent de la restructuration de la gare Agha, qui devra accueillir 80 000 voyageurs par jour. Un hôtel, un centre commercial et trois tours de bureaux de 9, 15 et 18 étages... au centre d'Alger. Au président fut également présentée l'ébauche de la future Cité de la santé, spatialement non encore localisée, comportant un hôpital, centres médicaux et de recherche, hôtels, station thermale et une école de médecine. le complexe Colonel Abbès, situé à 25 km à l'ouest d'Alger, a été proposé comme 4e projet des bâtisseurs. Emaâr ne s'arrêtera pas en si bon chemin, puisque le groupe compte investir la technopole de Sidi Abdedallah en proposant d'édifier une « cité technologique » qui comprendra un campus universitaire, des milliers d'appartements, des centres commerciaux et... un terrain de golf. Sur ce dernier projet, Emaâr devrait compter sur la concurrence de Holding Dubaï, un autre géant émirati qui, en mai dernier, a proposé d'apporter son savoir-faire dans la gestion et la réalisation d'immeubles technologiques intelligents, à l'image de ceux de la Media Internet City de Dubaï. Le cyber-parc de Sidi Abdallah devrait coûter, selon certaines informations, environ 130 millions de dollars. Au montant inconnu, ces projets, aux dimensions fraîchement importées des pays du Golf, arborent comme un air de déjà vu. Car, en effet, presque les mêmes propositions ont été faites au Maroc et en Tunisie par les deux fers de lance de l'économie des Emirats arabes unis, le tandem : Dubaï Holding et Emaâr qui, depuis quelques années, ont pris pour cible la région du Maghreb pour opérer un déploiement stratégique. Emaâr et Dubaï Holding ont signé avec Mohamed VI, 8 conventions d'investissement portant sur 9 milliards de dollars. Emaâr y est présente avec des mégaprojets touristiques et immobiliers, notamment à Casablanca, à Marrakech et à Tanger. Il est cité comme référence le projet Tinja, situé sur la côte atlantique, par sa superficie d'abord, plus de 230 ha et prévoit en sus la mise en place d'un projet touristique intégré qui comprendra une marina, des hôtels haut de gamme et divers modules d'animation.