Mohamed Laksaci, le gouverneur de la Banque d'Algérie l'avait annoncé cet été : la loi de finances prévoit le retour du crédit à la consommation, qui sera accompagné, au deuxième semestre 2015, d'une centrale des risques. Suspendu en 2009, le crédit à la consommation avait été réhabilité par la tripartite de février dernier. Une mesure qu'Abdelhak Lamiri, directeur de l'Institut international de management, estime, «utile pour booster la production nationale et limiter un peu les importations. Si on retient qu'il faut au moins 40% de taux d'intégration pour en bénéficier, alors globalement il sera positif pour l'économie nationale, moyennant un encadrement efficace du niveau d'endettement des ménages.» Samir Bellal, professeur d'économie à l'université de Boumerdès, considère au contraire que cette décision, à l'image de toutes les autres n'est pas «cohérente». «Le débat est biaisé car on parle de la politique économique du gouvernement, comme s'il y en avait une. Or, l'économie est mobilisée uniquement comme ressource au service d'intérêts purement politiques, comme la paix sociale.» Selon lui, le crédit à la consommation est par ailleurs «en contradiction avec les règles du commerce international, car il ne prévoit de s'appliquer qu'aux seuls produits locaux, ce qui va à l'encontre de l'objectif de l'Algérie d'adhérer un jour à l'OMC.» L'expert en management stratégique, Abderrahamne Mebtoul, s'interroge aussi sur le risque contre-productif de cette mesure : «Puisqu'il existe un lien entre la logique rentière et la sphère informelle à dominance marchande qui contrôle 40% de la masse monétaire en circulation et 65% des segments des produits de première nécessité, puisque les exportations d'hydrocarbures représentent 98% et importent 70% des besoins des ménages et des entreprises, cette mesure ne risque-t-elle pas de gonfler davantage encore les importations de biens finis ?»