Les habitants de la ferme Semmar à Birkhadem interpellent le wali pour arrêter les travaux du chantier de réalisation d'une promotion immobilière de 48 logements. Le directeur général de l'entreprise réalisatrice du projet KBHS nie toute infraction à la réglementation en vigueur. Dans l'après-midi de mercredi, un ouvrier a trouvé la mort et deux autres ont été blessés au niveau du chantier de réalisation d'une promotion immobilière à la ferme Semmar, dans la commune de Birkhadem. Cet accident a eu lieu au moment où des travailleurs coulaient la dalle de l'entresol. Selon des témoins, cette dernière n'a résisté et s'est écroulée, causant la mort d'un ouvrier âgé de 46 ans, qui attendait un 4e enfant. Deux mois auparavant, un important glissement de terrain avait été constaté aux abords du chantier. Cet incident est en fait la goutte d'eau qui a fait déborder le vase puisque ce chantier en lui-même est le sujet d'énormes conflits entre l'entreprise d'import-export KBHS, propriétaire du projet, et les riverains. Ces derniers ont formulé moult pétitions qu'ils ont adressées au wali d'Alger, au wali délégué de Bir Mourad Raïs, au directeur de l'urbanisme et au président de l'Apc de Birkhadem. Ils s'opposent en premier lieu à l'implantation de ce chantier au milieu de leurs habitations. «C'est toute notre intimité familiale qui va disparaître avec la réalisation de ces 48 logements, s'exclame un riverain. Si seulement cela ne tenait qu'à cela. C'est toute notre sécurité qui est en jeu. La grue qui se trouve actuellement à l'intérieur du chantier surplombe nos maisons et la route par laquelle nous passons au quotidien. Si les mesures de sécurité ne sont pas garanties à l'intérieur du chantier, elles le sont encore moins à l'extérieur.» En plus de leur demande de démonter cet imposant engin, ils s'appuient, dans une lettre adressée au wali d'Alger, Zoukh Abdelkader, sur le plan d'occupation du sol du lotissement sur lequel reposent toutes les habitations des voisins ainsi que le projet en lui-même. Ce dernier classe toute cette zone à faible densité et la destine à des constructions individuelles dont le nombre d'étages ne dépasse pas les R+2. «En plus du non-respect de la typologie existante et dominante de l'habitat individuel à faible densité, il y a le non-respect aussi du gabarit et du prospect sur la rue», dit l'un deux. Dans la même lettre, ils expliquent aussi que l'accès à cette promotion n'est constitué que d'un chemin de 5 mètres de large, à telle enseigne qu'un camion de la Protection civile ne pourra pas manœuvrer en cas d'urgence. Ils attirent l'attention du chef de l'exécutif sur l'inexistence d'un réseau des eaux usées dans toute cette zone. «Nous avons frappé à toutes les portes, mais sans aucune suite. Même la justice que nous avons sollicitée plusieurs fois nous a lâchés», s'attriste un des riverains lésés. Pour Benyoucef Khellif, DG de l'entreprise KBHS, son chantier est conforme à la loi en vigueur. «Nous avons toutes les pièces qui justifient nos travaux, à commencer par l'acte de propriété que certains de ces riverains ne possèdent même pas, puis le permis de construire. Concernant l'accident mortel, je tiens à signaler que ce type d'accident est fréquent dans tous les chantiers du monde. Notre chantier est assuré et tous les travailleurs de l'entreprise libanaise avec laquelle nous sous-traitons sont aussi assurés», déclare-t-il. Concernant le mécontentement du voisinage, il déclare que son entreprise a eu recours à toutes les voies d'entente, mais en vain. «Pour la grue, même si la partie qui déborde du chantier ne représente aucun danger, nous avons saisi l'entreprise libanaise afin de la démonter. Ainsi, notre grue ne survolera ni les maisons ni la route. Concernant l'affaissement de terrain déploré il y a deux mois, je tiens à préciser que ce dernier est dû au non-respect des clauses du permis de lotir de la part d'un voisin. Avec l'absence du réseau d'assainissement et d'évacuation des eaux de pluie une grande mare d'eau s'est formée et a amené cet incident», ajoute-t-il avant de confirmer que son entreprise est en voie d'obtenir son d'agrément. «Ce document n'est obligatoire que dans deux cas. Le premier pour nous permettre de vendre sur plan, et le second si nous voulons faire un crédit bancaire. Vu que notre projet n'est pas concerné par ces deux conditions, la nécessité d'avoir un agrément ne se pose pas», conclut-il.