Les habitants du lotissement Ahmed Ouguenoun (ex-Pignodel), dans la commune de Bouzaréah (Alger) sont mobilisés depuis 2007 contre l'implantation d'une promotion immobilière dans leur quartier et qui s'est faite en violation de la réglementation. Le collectif des résidents a frappé à toutes les portes afin d'obtenir l'arrêt des travaux toujours en cours et la démolition des parties déjà réalisées. Leur mobilisation bute toutefois sur un mur d'indifférence. Aussi, la population a décidé d'intensifier son action. Aux dernières nouvelles, elle exige le départ du président de l'APC qui est publiquement accusé de favoriser le promoteur, la Sarl «Résidence Confort Algérie» à leurs dépens, en procédant en février 2011 à la régularisation du chantier alors que l'affaire est encore en justice. Depuis le début de cette semaine, des banderoles ont été accrochées sur le site, 124, rue Ali-Remli, appelant au départ du maire. «En juin dernier, nous avons rencontré le maire au sujet de ce projet. Il nous a promis en présence du commissaire de police d'annuler le nouveau permis de construire délivré au promoteur et de prendre un arrêté de démolition. Comme le chantier est toujours ouvert et que le rythme de la construction s'accélère, nous l'avons relancé sur les promesses qu'il avait tenues. Il a nié avoir promis quoi que ce soit !» explique un habitant. Selon lui, tout a commencé en 2007. Le promoteur qui a acquis un terrain a commencé la réalisation de quatre villas avec quatre permis de construire. «Le permis de zone n'autorise que la construction d'une habitation de R+2», assure-t-il. L'ampleur des travaux de terrassement a attiré l'attention du voisinage qui a adressé, le 3 février, une requête au président d'APC, le wali délégué, la direction de l'urbanisme et la police de l'urbanisme. «Suite aux grands travaux de terrassement en cours de réalisation pour la construction d'une habitation sise à la rue Ali-Remli, en face de l'Ecole normale, nous, habitants du quartier, soucieux de l'ampleur de ces grands travaux entrepris depuis plusieurs semaines, vous demandons de bien vouloir procéder à la vérification de la construction suivant le permis de construire approuvé», lit-on dans cette requête. «Nous vous informons que l'intéressé envisage de réaliser plusieurs sous-sols, vu l'excavation en cours d'exécution (...) Nous vous sollicitons de prendre les mesures qui s'imposent afin de respecter les modalités nécessaires à la construction de cette habitation suivant le permis de construire approuvé. En cas d'entrave à la procédure légale des travaux, nous saisirons la justice», ont-ils averti. L'APC a réagi, cinq mois plus tard, en envoyant une mise en demeure au promoteur le sommant de se «conformer aux prescriptions données sur les permis de construire» délivrés le 23 décembre 2006 et le 2 janvier 2007 (deux permis pour chaque date). Le promoteur fait fi de la loi Le constructeur ignore l'avertissement, obligeant les voisins à relancer l'APC en juin 2008, qui cette fois-ci a menacé, en septembre, la Sarl «Résidence Confort Algérie» de poursuites judiciaires si elle ne se décide pas à «arrêter tous les travaux de construction en cours non conformes aux plans approuvés par la Duch (direction de l'urbanisme)». A la demande de sa hiérarchie, l'inspecteur de l'urbanisme de la circonscription administrative de Bouzaréah a visité le chantier le 2 septembre 2008. «Une fois sur les lieux, nous avons constaté que les travaux effectués ne sont pas conformes aux plans approuvés par la direction de l'urbanisme», écrit-il dans une correspondance au directeur de l'urbanisme et au président d'APC. Cela n'a pas empêché la continuité des travaux. Malgré la menace d'aller en justice, les élus ont assisté en spectateurs à l'avancement de la construction. A la place de l'APC, ce sont les habitants qui ont déposé plainte, début 2009, contre le promoteur. Le tribunal de Bir Mourad Raïs désigne, en mai 2010, un expert foncier pour faire le point de la situation. Mais, entre temps, le promoteur s'active pour régulariser le chantier dans le cadre de la loi 15-08 du 20 juillet 2008 portant régularisation des constructions et leur achèvement. Les habitants ont beau adresser des oppositions à ce sujet au directeur de l'urbanisme et au wali délégué, ce fut peine perdue. Le chantier a été régularisé par l'APC et le promoteur s'est fait délivrer, en février dernier, un permis d'achèvement de construction d'une habitation de R+3+3 sous-sol+1 entresol+terrasse habitable. Pourtant, dans une correspondance adressée aux directeurs de l'urbanisme de toutes les wilayas en juin 2010, le ministère de l'Habitat a été très explicite concernant les modalités d'application de la loi 15-08 : «Les dossiers introduits en justice doivent poursuivre leur cours jusqu'à leur aboutissement».