La forêt de Souk El Tenine, à l'extrême est de la wilaya de Béjaïa, brûlait dans l'après-midi d'avant-hier sur les hauteurs faisant face à la mer, inaccessibles aux forestiers et pompiers. C'est le dernier foyer d'incendie qui persistait dans la journée après un week-end particulièrement chaud, où des feux ont consumé des espaces entiers de forêt. Le feu s'est déclaré dans pas moins de 24 endroits pendant les deux seules journées de vendredi et samedi, provoquant les plus gros dégâts de la saison. En deux jours, 538,5 hectares ont brûlé, dont presque la moitié (208,5 ha) sont des forêts, le reste étant des maquis (64 ha), broussailles (256 ha) et des arbres fruitiers (10 ha), essentiellement des oliviers et figuiers. Avant ce week-end brûlant, le bilan de la Conservation des forêts de la wilaya fait état de 264 ha de forêt brûlée pendant la semaine du 24 au 30 juin. Des dégâts moins importants que ceux de la dernière fin de semaine, mais qui sont plus importants comparés à ceux déplorés avant cette date, et ce, depuis le début de la saison estivale, soit le 1er juin, où le couvert végétal a flambé sur 235 ha. Ainsi, les feux deviennent de plus en plus ravageurs à mesure qu'approche la fin de l'été. Le mois d'août s'achève avec des braises ardentes. Du 1er juin au 31 août, le feu a pris dans 261 foyers à travers la wilaya de Béjaïa, calcinant un total de 2456 ha dont 500 ha de forêt. Le chêne-liège, qui constitue une bonne partie du couvert végétal des forêts bougiotes est réduit en cendres sur 475 ha. Ce triste tableau est complété par les dégâts, non moins déplorables, occasionnés notamment sur 188 ha de maquis et 1640 ha de broussailles. Comme à chaque année, en l'espace de quelques minutes, des arbres millénaires disparaissent sous l'avancée des flammes dévorantes dont on n'arrive toujours pas à déterminer les auteurs. Les flammes aveugles ont aussi emporté sur leur passage de jeunes plants dont ceux plantés l'année passée ont eu tout juste le temps de bourgeonner sur 40 ha à Toudja où un incendie a emporté, à lui seul, 182 ha, dont 150 ha de forêt de chêne-liège. Mais, c'est à Tizi N Berber, sur la côte est bougiote, que s'est déclaré le feu le plus ravageur qui a touché 230 ha dont 28 ha de forêt. Le manque de moyens, malgré la colonne mobile de la Protection civile stationnée chaque été à Béjaïa, aggravé par l'inaccessibilité des lieux en feu ont mis pompiers et forestiers, à rude épreuve, devant des situations d'impuissance, faisant face à des feux non maîtrisables ou difficiles à circonscrire. Ce fut le cas à Sidi Djaber où un feu est resté actif pendant quatre jours, avant d'être éteint samedi laissant un tableau désolant peint en noir des 145 ha brûlés. Le mois d'août s'achève ainsi tout en flammes donnant à déplorer un bilan plus lourd que celui de l'année passée avec un peu plus de 400 ha brûlés mais beaucoup moins important que celui de l'été 2012, où le feu a flambé sur 8000 ha.