World Ressources Institute estime que le stress hydrique peut limiter le développement de l'industrie des gaz de schiste. L'exploitation des gaz de schiste risque-t-elle de mettre en péril les ressources hydriques ? La question préoccupe certains think tanks, à l'image du World Ressources Institute (WRI) qui a récemment publié une étude sur l'exploitation des hydrocarbures non conventionnels dans les zones arides. Celui-ci démontre dans une analyse que 38% de ces ressources en hydrocarbures se situent dans des zones arides et subissent un haut degré de stress hydrique en Afrique, en Chine et au Mexique. En classant les 20 pays disposant de réserves en hydrocarbures de schiste les plus importantes, le WRI estime que l'Algérie est l'un des pays subissant un important stress hydrique et exposés à l'aridité. Le think tank, qui se spécialise dans la gestion durable des ressources naturelles, estime que le stress hydrique peut limiter le développement de l'industrie des gaz de schiste. Il pose également la problématique de l'exploitation des gaz des schiste dans des zones peuplées, comme la Grande-Bretagne. C'est ainsi que le groupe d'analystes basé à Washington précise, dans son rapport publié à l'occasion de la Semaine mondiale de l'eau, que la gestion des risques liés à la préservation des ressources hydriques et la gestion de ces ressources dans les zones arides constituent l'un des défis les plus importants auxquels l'industrie gazière et pétrolière doit faire face, mais souvent sous-estimé lorsqu'il s'agit des schistes. Et d'ajouter que 386 millions de personnes vivent dans des territoires renfermant des hydrocarbures de schiste et que les gouvernements et les entreprises font face à des choix critiques quant à la façon de gérer leurs besoins en énergie et en eau. Selon le WRI, la fracturation hydraulique nécessaire pour l'extraction des gaz et des huiles de schiste nécessite jusqu'à 25 millions de litres d'eau par puits, les ressources de schiste peuvent être plus difficiles à se développer là où l'eau est rare. Selon les auteurs du rapport, l'étude a pour objectif de tirer la sonnette d'alarme quant à la nécessité de préserver les ressources hydriques dans les pays qui cherchent à développer le gaz de schiste, estimant que le développement des ressources énergétiques ne saurait se faire sans une gestion responsable des ressources énergétiques. Le rapport publié hier précise ainsi que la Chine est le pays qui dispose des plus grandes réserves en gaz de schiste, néanmoins plus de 60% de ses ressources se situent dans des zones à fort stress hydrique. Si le document précise que l'Argentine qui dispose des secondes plus grandes réserves est exposée à des degrés de stress hydrique moyens, il considère que l'Algérie, qui est le 3e pays disposant des réserves les plus importantes, doit faire face au problème de l'aridité des zones d'exploitation. Il est utile de rappeler dans ce sens que le ministre des Ressources en eau a affirmé en juin dernier que l'exploitation des gaz de schiste n'aura pas d'impact significatif et ne constitue pas un risque réel de pollution sur les ressources hydriques fossiles du Grand Sud algérien. Il a également défendu la décision du gouvernement pour l'exploitation des gaz de schiste estimant que c'est un choix «souverain, stratégique» et qui ne devrait pas poser de problème en ce qui concerne la gestion des ressources hydriques du pays.