La visite du président français Jacques Chirac n'y changera pas grand-chose. Le cimetière israélite de Bologhine est toujours à l'abandon. Plus d'un an et demi après son passage au cimetière marin de Bologhine, rien n'a changé. De cette visite, il ne reste que cette couronne de fleurs fanées, entourant l'étoile de David près du mémorial aux morts. Les quatorze hectares du cimetière abritent 4830 tombes qui remontent parfois au XVIe siècle. Les particularités du cimetière sont nombreuses. D'abord, il était privé. Le domaine appartenait à une famille qui a fini par partir. Plus personne pour l'entretenir après ce départ. Excepté un homme qui gardait les lieux déjà avant le départ des propriétaires. Aujourd'hui, c'est le fils de cet homme qui a hérité de cette lourde tâche. Silencieux, il préfère ne pas s'exprimer. Il se contente de donner des ordres. D'empêcher de prendre des photos comme pour éviter de perturber le silence qui règne. Ce jeune homme qui vit en ces lieux ne répond pas à cette question que tout le monde doit lui poser : qu'est-ce que ça fait de vivre dans un cimetière juif ? Le fait d'y vivre n'était pas un problème en soi. Les difficultés de cet homme, même s'il n'en parle pas, remontent à la décennie noire. A l'époque où une fetwa a était lancée à partir de la mosquée de Bologhine pour profaner le cimetière. Mais il y a eu aussi les inondations de Bab El Oued qui n'ont pas épargné les tombes. Finalement, le seul point positif, c'est ce gardien qui y veille jour et nuit pour empêcher les visiteurs de franchir le portail cadenassé. Un gardien pour des milliers de tombes dans un état parfois lamentable, mais aussi un gardien pour la partie historique du cimetière ; cette petite bâtisse néomauresque couleur ocre qui abrite les tombes des deux rabbins Arechbas et Ribasch, enterrés au cimetière marin de Bologhine depuis le XVe siècle.