Les intenses bombardements menés par Israël contre le Liban ont eu pour effet d'isoler la population civile au sud du pays. Cette dernière est condamnée désormais à vivre au jour le jour, après l'annonce par les agences humanitaires de l'ONU de la suspension de l'acheminement de ses aides à destination du sud du pays. La décision des responsables onusiens est intervenue suite à l'avertissement lancé, hier, par l'armée israélienne menaçant de bombarder « tout véhicule circulant au sud de la rivière Litanie ». En effet, Israël a, dans des tracts largués par son aviation, menacé de s'attaquer à tout convoi arpentant les routes menant vers le Sud libanais, y compris la ville de Tyr. « En raison de l'insécurité, il n'y aura pas de convoi aujourd'hui pour le Sud », a déclaré la porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM), Christine Berthiaume. Selon elle, les agences de l'ONU n'ont même pas tenté d'obtenir des forces israéliennes des garanties concernant la sécurité des convois, comme elles le font ordinairement. « Il faudrait au moins deux convois par jour dans le Sud — c'est vraiment le minimum — et pour que ce soit bien, il en faudrait six, et on est loin du compte », a souligné la responsable du PAM. Qualifiée déjà de catastrophique, la situation humanitaire dans la région ne fera qu'empirer après cette décision. Ainsi, l'Etat hébreu, ne faisant pas de distinction entre civils et autres depuis le début de son agression barbare contre le pays du Cèdre, pousse le bouchon en privant la population des besoins les plus élémentaires. Une population prise en tenailles et dont les besoins en nourriture et en médicaments augmentent chaque jour. L'armée israélienne est déjà passée à l'acte avant d'avertir les civils et les secouristes, en prenant pour cible des ambulances et des convois humanitaires. Pour Christine Berthiaume, des fournitures ont pu être livrées dans le Sud ces derniers jours, mais à deux reprises au moins des véhicules qui se trouvaient à une trentaine de mètres des convois humanitaires ont été touchés par des missiles. La situation après près d'un mois de conflit, selon Wivina Belmonte, porte-parole du Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef), se résume en deux mots : « Pas assez. » Les organisations humanitaires opérant sur place se plaignent également de la difficulté d'acheminement des aides même vers d'autres régions du Liban. « Il n'y a plus de zones sûres dans le pays. On peut être bombardé partout », a déclaré le haut commissaire de l'ONU aux réfugiés, Antonio Guterres. Les raids israéliens rendent, a-t-il indiqué, l'acheminement de l'aide extrêmement difficile. L'action humanitaire au Liban, a-t-il ajouté, est gravement entravée par l'intensification des bombardements israéliens, visant notamment les infrastructures routières.