La mesure pourrait concerner 200 000 personnes. Droite et gauche ont voté le texte ; l'Assemblée nationale a voté mercredi dernier une possibilité plus simple d'acquisition de la nationalité française pour les chibanis. Pour sa part, le MRAP d'Aubervilliers dénonce une «loi cynique». Paris/ De notre correspondant Les immigrés âgés de 65 ans à la date de la demande, présents en France depuis au moins 25 ans, pourront acquérir plus facilement et plus rapidement la nationalité française. Les députés français ont voté la loi mercredi dernier. Les parlementaires avaient adopté en commission, contre l'avis de la rapporteure PS Martine Pinville, un nouvel article au projet de loi sur l'adaptation de la société au vieillissement pour permettre à un étranger, parent de Français et présent sur le territoire depuis au moins 25 ans, d'acquérir la nationalité française par déclaration. Cette mesure ciblant notamment les «chibanis» s'inspire d'une des propositions du rapport, voté à l'unanimité, d'une mission d'information parlementaire sur les immigrés âgés. A l'initiative du président PS de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, les présidents des groupes politiques de l'Assemblée avaient décidé, il y a deux ans, la création d'une mission d'information sur les immigrés âgés, venus travailler en France dans les années 50/60. Elle avait pour objectif d'analyser «les difficultés auxquelles ces personnes âgées sont aujourd'hui confrontées : conditions de logement précaires et inadaptées aux besoins de personnes en perte d'autonomie, isolement, santé défaillante, problèmes d'accès à la retraite, aux droits sociaux, à la nationalité» pour améliorer leur situation. Pour une fois, majorité et opposition ne se sont pas déchirées dans l'hémicycle. Le socialiste Alexis Bachelay a appelé à soutenir «une avancée importante pour plus de 200 000 chibanis qui pourraient acquérir la nationalité française de manière rapide et simplifiée». Pour l'opposition, Denis Jacquat, qui avait copiloté avec lui la mission parlementaire, a plaidé pour ces immigrés qui sont «venus pour construire la France, qui n'ont jamais posé de problèmes et souhaitent ardemment être reconnus Français après avoir vécu parfois 50 ans dans notre pays et 20 ans dans leur pays d'origine». La version votée dans l'hémicycle et proposée par Martine Pinville ajoute une condition d'âge, à savoir 65 ans à la date de la demande. Objectif : éviter que la mesure ne s'applique à des étrangers beaucoup plus jeunes ou en séjour irrégulier. Toutefois, le MRAP d'Aubervilliers déplore que ce texte ne puisse s'appliquer aux ressortissants étrangers beaucoup plus jeunes qui résident en France depuis plusieurs années et qui contribuent au rayonnement économique, social et culturel de la France. Le MRAP d'Aubervilliers considère que cette loi est restrictive et est inadaptée aux attentes d'accès à la citoyenneté de la population immigrée en France. Cette population mérite un traitement à la hauteur de sa participation historique à la libération de la France de l'occupant nazi et de sa contribution quotidienne au développement de l'économie française.