Un berger devenu chef terroriste. De simple élément d'un réseau de soutien au terrorisme, il devient l'adjoint de Abdelmalek Droukdel, puis représentant du mouvement Daech en Algérie. Celui qui serait à l'origine du kidnapping du touriste français Hervé Gourdel à Tikdja, change désormais d'objectif et se détache d'AQMI pour se faire un nom à l'international, après avoir échoué à vendre sa cause localement. Qui est ce terroriste qui a exigé à la France de cesser ses frappes contre les combattants de l'EI ? Comment a-t-il gravi les échelons pour devenir l'un des plus redoutables chefs terroristes dans le pays ? Pourquoi s'est-il rallié au mouvement d'Abu Bakr El Baghdadi ? Il s'appelle Gouri Abdelmalek, mais est plus connu sous le nom de Khaled Abu Selmane. Il est né en 1977 au village Boudhar, dans la commune de Si Mustapha, à 60 km à l'est d'Alger. Ce sanguinaire est issu d'une famille paysanne dont il est l'aîné. «Il a un niveau de 9e année. Je me souviens que c'était un enfant un peu réservé. Et il faisait paître souvent les moutons près du village. On avait même joué ensemble au ballon», confie un habitant de sa localité. Avant de rejoindre le maquis en 2000, à l'âge de 23 ans, il était membre d'un réseau de soutien aux groupes terroristes. Des activités pour lesquelles il a été arrêté en 1997 et condamné à une peine de 5 ans de prison. Après sa libération en 1999, il devint marchand de volaille. Une année plus tard, il rallie le maquis avec deux de ses fidèles amis, les frères Khelifi, Youcef et Mohamed, dont le second sévit à ce jour. «Ce sont les premiers qui avaient rejoint le GSPC dans notre village. Ils ont été suivis plus tard par plus de 25 jeunes du village, mais aujourd'hui il n'en reste que quatre. Il a même un frère qui était avec lui au maquis avant d'être arrêté, il y a cinq ans, par les services de sécurité à Alger», précise un autre villageois. Fort de son gabarit et du soutien que lui ont manifesté ses recrues au maquis, Gouri Abdelmalek alias Abu Selmane n'a pas tardé à attirer l'attention du chef d'AQMI. Ce dernier l'avait désigné en 2005 à la tête de la katiba El Arkam, qui activait dans les localités du sud et du centre de la wilaya de Boumerdès. Cette phalange a été à l'origine de tous les attentats kamikazes commis contre les édifices de sécurité entre 2007 et 2011 ainsi que les assassinats perpétrés contre d'anciens patriotes et les GLD. Le nom d'Abu Selmane figure presque dans tous les arrêts de renvoi des affaires de terrorisme traitées par le tribunal criminel de Boumerdès. La justice l'avait condamné par contumace à la peine capitale à maintes reprises.