La situation actuelle rappelle en tous points celle de 1996, c'est-à-dire une agression israélienne de grande envergure contre le Liban, une tuerie abominable avec un massacre révélé au monde par un rapport de l'ONU qu'elle qualifiera de délibéré puisque la centaine de victimes avaient cherché refuge dans un bâtiment de cette organisation, en fin de compte bombardé par l'aviation israélienne. Ce fut aussi quelques démarches diplomatiques, mais ce n'étaient que d'humiliantes tentatives sans respect aucun pour ceux qui en étaient les auteurs comme le ministre français des Affaires étrangères de l'époque Hervé de Charette astreint par Israël à du tourisme dans la région. Cacophonie Le même effort tout relatif il est vrai puisque l'on craint que le jeu soit encore et toujours fermé, ce qui conduirait à une déroute. Mais l'on assiste tout de même à une certaine cacophonie, parfois rien que pour affirmer une présence et ensuite attendre des retombées, ou constater encore une fois l'absence de politique étrangère européenne, puisque les attitudes actuelles telles que manifestées n'incitent à rien de bon. Javier Solana le sait certainement depuis fort longtemps. Mais cela ne veut pas dire pour autant qu'il y a là échec prémédité et que certains ont accepté de faire des tours de piste rien que pour amener les Etats-Unis à bouger, c'est-à-dire cesser de ne rien faire. Dernière initiative diplomatique en date, celle de la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice, qui a annoncé qu'elle se rendait demain en Israël pour rencontrer le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, et le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. Elle participera mercredi à Rome à une réunion du « groupe de contact » sur le Liban. La tenue d'une telle réunion à Rome au niveau ministériel a été confirmée par le gouvernement italien. « La réunion se tiendra au niveau ministériel du ‘‘groupe de contact'' avec la participation de ministres occidentaux, des Saoudiens et les Israéliens devraient également venir », a indiqué une source gouvernementale italienne. « Nous sommes convenus avec le département d'Etat américain de tenir une conférence internationale sur le Liban à Rome pour trouver ensemble les chemins menant à un cessez-le-feu, pour relancer l'action humanitaire envers la population libanaise et pour réfléchir sur une stabilisation de la région, y compris à travers l'envoi d'une force multinationale », a déclaré le chef de la diplomatie italienne Massimo D'Alema à la télévision publique. Selon le ministère italien des Affaires étrangères, les participants à cette conférence seront, outre les Etats-Unis et l'Italie, le Liban, la France, la Russie, la Grande-Bretagne, l'Allemagne, l'Espagne, l'Egypte, l'Arabie Saoudite, la Jordanie ainsi que l'Union européenne, la Banque mondiale et les Nations unies. Au-delà de la crise libanaise, la conférence traitera de manière élargie des problèmes de la région et donc de la question palestinienne, a-t-on précisé. Moscou soutient la réunion prévue sur le Proche-Orient. La Russie a officiellement apporté son soutien à une telle initiative en vue d'une conférence diplomatique internationale sur le Proche-Orient. A la différence de l'accord quadripartite de 1996, il n'y aura ni le Hezbollah ni la Syrie, alors que le premier est devenu un élément prépondérant sur la scène libanaise, et que l'autre comme l'ont révélé les propos du président Bush - ce fameux micro ouvert - aurait conservé son statut de puissance régionale. Ce qui ampute cette réunion d'éléments majeurs, sauf bien entendu si ses organisateurs entendent les marginaliser sans dire de quelle manière ou les occulter et dans quel but. Un problème d'ordre du jour Lors d'une conférence de presse vendredi, Mme Rice a souligné que « nous devons être plus efficaces et plus ambitieux que cela. Nous devons œuvrer de toute urgence à créer les conditions d'une stabilité et d'une paix durables », sans dire de quelle manière. Et d'affirmer : « Ceci est un Proche-Orient différent. C'est un nouveau Proche-Orient. C'est dur. Nous traversons une période très violente. » Allant cette fois droit au but, c'est-à -dire le désarmement du Hezbollah, elle souligne qu'il est « clair que c'est un jeune gouvernement qui n'est pas en mesure de faire ce qui était anticipé dans (la résolution de l'ONU) 1559 ». Reste maintenant à déterminer l'objectif assigné à cette réunion, avec cette notion de « groupe de contact » jusque-là inexistant, ou au pire n'a jamais rien fait s'il a réellement existé. Il y a donc un problème d'ordre du jour et il consiste tout d'abord à éteindre ce brasier, ce qui suppose l'inclusion de toutes les parties et non plus procéder par l'exclusion. Aider le gouvernement libanais à étendre son autorité, c'est faire en sorte que l'Etat libanais recouvre sa souveraineté sur l'ensemble de son territoire et non plus procéder par des omissions ou de mortels mensonges, car là, il y a le jeu d'Israël dévoilé par son Premier ministre, Ehud Olmert, en parlant pour la première fois de frontières à tracer. Et dans ce cas de figure, le processus ne concerne pas que les Palestiniens. Il y a aussi le Liban et la Syrie, et il serait donc faux de parler de règlement global ou tout simplement l'envisager. C'est du colmatage, mais irresponsable dans le même temps puisque le problème demeurera entier. Quant à la liste des participants, le secrétaire général des Nations unies suggère la participation de la Syrie et de l'Iran « des pays trop proches », selon lui pour ne pas avoir d'influence sur le Hezbollah. Ces deux pays « doivent travailler avec la Communauté internationale, coopérer avec nous pour trouver des solutions à long terme », a-t-il souligné, « que nous les apprécions ou non, nous devons impliquer ces deux gouvernements ». A l'entendre, il ne s'agit pas de réunir un tour de table pour parler de réussite. C'est une question d'efficacité, sauf bien entendu, rechercher une simple caution à des plans déjà élaborés.