Que se passe-t-il au Moyen-Orient ? Pourquoi cette région s'est-elle installée durablement dans l'instabilité ? Y a-t-il une main invisible qui tire les ficelles et qui attise le feu qui ne cesse de mettre en difficulté tous les pays arabes ? Ce sont quelques questions que se pose, en permanence, l'opinion publique nationale et internationale. Le flux d'analyses et d'hypothèses produites pour comprendre les origines de cette situation n'a fait que rendre encore plus complexe la situation qui prévaut aujourd'hui au Moyen-Orient. Alors que le débat autour de ces faits s'oriente souvent vers le projet américain du «Grand Moyen-Orient» (GMO), d'autres lectures commencent à émerger. Elles tendent, en se référant à l'histoire de la région, à développer une nouvelle analyse sur la question. Cette opposition entre l'Orient et l'Occident pourrait préparer le terrain à un nouveau «Sykes-Picot». C'est la lecture que suggère, aujourd'hui, Amir Nour, chercheur algérien en relations internationales, qui vient de publier, aux éditions Alem El Afkar, un nouvel ouvrage sous le titre accrocheur de L'Orient et l'Occident à l'heure d'un nouveau «Sykes-Picot». L'auteur compare la situation internationale actuelle et son évolution à celle qui a donné naissance aux accords franco-britanniques de 1916, appelés communément les accords de Sykes-Picot qui ont conclu le partage du Moyen-Orient après la fin de la Première Guerre mondiale. «Depuis les invasions de l'Afghanistan en 2001 et de l'Irak en 2003, un nouveau “Sykes-Picot” semble se mettre en place dans la région. Mais alors que les accords franco-britanniques de 1916 visaient à ‘‘faciliter la création d'un Etat ou d'une Confédération d'Etats arabes'', le processus en cours a pour objectif de démanteler les Etats existants, notamment en y suscitant ou en approfondissant les clivages ethno-religieux», explique Amir Nour. Alors que les bénéficiaires des accords du 16 mai 1916 étaient les Français et les Britanniques, les futurs gagnants de la nouvelle reconfiguration seront sans conteste les Etats-Unis d'Amérique (USA). «Cette nouvelle stratégie de “désintégration massive” permettrait aux Etats-Unis, leader actuel du monde occidental, de réaliser un triple objectif : garantir la préservation de leurs propres intérêts stratégiques dans la région ; renforcer la position de leur allié israélien et assurer par là même la prolongation de sa survie en tant qu'Etat juif ; réorienter l'essentiel de leurs efforts et de leurs moyens vers la région du monde la plus importante : l'Asie-Pacifique», souligne encore l'auteur.