Vacance du pouvoir et application de l'article 88 de la Constitution. L'histoire se répète à nouveau. Une année après le retour du président Bouteflika de France, où il avait été admis suite à l'accident vasculaire cérébral (AVC), dont il avait été victime, et six mois après sa réélection pour un quatrième mandat, le débat autour de son aptitude à gouverner est relancé. Dans les mêmes termes et pour les mêmes raisons. Nourrie par les absences itératives du chef de l'Etat lors des grands rendez-vous nationaux et internationaux, la polémique enfle, rappelant celle qui a prévalu durant l'automne 2013. En effet, les différents acteurs de l'opposition regroupés dans l'instance de consultation et de suivi (ICS), créée suite à la conférence pour la transition démocratique tenue le 10 juin dernier, réclament la mise en œuvre des dispositions de l'article 88 de la Constitution relatives à l'état d'empêchement. Pour eux, la vacance du pouvoir «est claire». Le président Bouteflika, estiment-ils, ne gouverne pas depuis son admission à l'hôpital du Val-de-Grâce à Paris. Pis encore, les responsables de l'opposition soupçonnent le clan présidentiel «de vouloir préparer une succession dynastique» en bitumant le terrain au frère cadet du chef de l'Etat, Saïd Bouteflika. Les acteurs de l'opposition, conscients que les responsables du régime ne bougeront pas pour appliquer la Constitution, mettent en garde contre «la paralysie de l'institution présidentielle qui présente un danger pour l'avenir du pays». Et comme d'habitude, la réaction des partis au pouvoir ne s'est pas faite attendre. Après le secrétaire général du FLN, Amar Saadani, qui avait affirmé «que ceux qui veulent la destitution du président Bouteflika doivent attendre cinq ans», le président du parti TAJ, Amar Ghoul, monte également au créneau pour assurer que «les institutions fonctionnent d'une manière ordinaire». «Le Président travaille jour et nuit et les institutions du pays fonctionnent normalement. Et je suis personnellement témoin de ce qu'il entreprend tous les jours. De telles critiques non fondées ne sont pas dans l'intérêt de l'Etat algérien ni des institutions du pays», déclare-t-il. Le président de TAJ et ministre des Transports ne fournit pas, cependant, plus de détails pour pouvoir démentir les faits constatés par l'opinion publique. La dernière apparition du président Bouteflika remonte au 21 septembre dernier à l'occasion de la tenue d'une réunion du Haut Conseil de sécurité. Depuis cette date, des évènements importants ont eu lieu et le locataire du palais d'El Mouradia a brillé par son absence. La semaine dernière, le touriste français Hervé Gourde a été enlevé puis exécuté par un groupe terroriste dans le massif du Djurdjura en Kabylie. Et c'est le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui a été chargé de parler, au téléphone, avec le président français, François Hollande. Ce fait a suscité beaucoup d'interrogations qui n'ont pas eu une réponse auprès des autorités. Ce n'est pas l'unique absence du président Bouteflika. La cérémonie habituelle du 5 juillet a été, rappelons-le, zappée et remplacée par un déplacement furtif au monument, puis au carré des Martyrs au cimetière El Alia. La cérémonie d'ouverture de l'année judiciaire, qui ne s'est pas tenue depuis 2011, risque de ne pas avoir lieu cette année encore. Selon notre confrère, Le Soir d'Algérie, elle serait même annulée. Une information que le service de communication de la Présidence ne confirme pas. «Pour le moment, nous n'avons pas d'information à ce sujet. On ne sait pas si elle va avoir lieu ou pas. Nous vous tiendrons au courant s'il y a du nouveau», nous explique la responsable de la communication de la Présidence.