Le souvenir des événements d'octobre 1988 est revenu cette année, à l'occasion d'un 26ème anniversaire commémoré avec le désenchantement qui continue. Les victimes, tombées sous les balles de la répression, sont toujours considérées comme des accidentées de travail. Les ayant droits des victimes mortes, sans un capital décès, et les blessés encore en vie touchent à nos jours, au titre de la pension versée par les services de la Caisse nationale des assurances sociales, respectivement les modiques sommes de 3 000 et 2000 DA. Les uns comme les autres continuent leur combat pour faire annuler cette classification de la honte. Chaque 5 octobre, l'AVO88 de Béjaïa re-exprime son sentiment d'injustice et interpelle les hautes autorités du pays pour les amener à décider d'un statut pour les victimes d'octobre, de la prise en charge des blessés et de la reconnaissance officielle du 5 octobre 1988 comme journée nationale de la démocratie. L'AVO 88 ne désespère pas de se voir satisfaire, dans au moins certaines de ses revendications les moins politiques. Son dernier courrier, du 1er mars 2014, a été suivi d'une réponse de la part des services du cabinet du Premier ministre l'informant que sa «requête, et après étude, a été transférée aux services du ministère de l'Intérieur et des collectivités locales étant la partie concernée». Et depuis quelques jours, l'association s'accroche à des déclarations informelles dont celle rendant compte de l'existence d'un texte d'exécution reconsidérant le dossier des victimes. À vrai dire, c'est depuis quelques années déjà que des voix évoquent la signature d'un décret qui devait trouver prolongement pour son application au niveau des services de la CNAS. Mais le supposé décret reste non suivi d'effet. En vertu du nouveau texte, qu'aucune administration ne confirme pour le moment, les dossiers des victimes d'octobre quitteraient la case des accidentés de travail pour être versés pour le compte du dispositif de la tragédie nationale. Et le ministère du travail aurait saisi en conséquence la direction générale de la CNAS, croit savoir Aziz Yahiaoui, président de l'AVO88. L'information lui a été communiquée par un député FLN de Béjaïa l'informant du règlement du dossier des victimes d'octobre. En attendant la confirmation, le combat demeure pour réhabiliter octobre 1988 dont il ne reste pas grand-chose des acquis.