Les participants au symposium organisé par le Haut-Commissariat à l'amazighité (HCA) les 11 et 12 novembre à Béjaïa sous le thème «Inventaire, description et analyse critique des différentes productions lexicographiques amazighes bilingues» ont recommandé d'aller vers la mise en place d'une «académie de la langue amazighe». Ce sera une instance scientifique qui aura la mission exclusive de prendre en charge, dans tout son aspect scientifique, la langue amazighe dans ses différentes variantes (kabyle, chaoui, targui,…). C'est là l'une des recommandations du symposium qui a abouti aussi à s'entendre sur la nécessité de mettre sur pied un «workshop» ou tout autre «dispositif permanent» que l'on estimera nécessaire dans cette «phase de création lexicale» que met en évidence le HCA. La démarche consiste à «identifier, prioriser et répartir les tâches à entreprendre» avec l'objectif d'arriver à «expertiser, valoriser et rendre fonctionnels les travaux entrepris en lexicographie amazighe». La nouvelle démarche, qui se tourne pleinement vers le travail universitaire et dans laquelle s'inscrit le HCA, a recommandé «d'encourager et de multiplier des études de terrain» dans toutes les régions amazighophones avec l'implication des étudiants des quatre départements de langue et culture amazighes, dont le dernier-né est celui de Batna. L'objectif étant, à ce niveau, de «recueillir le corpus afin de constituer un réservoir linguistique pour le développement et la modernisation de la langue». Au bout, il s'agira de donner naissance à deux dictionnaires : «Un dictionnaire général de tamazight, et un dictionnaire interdialectal (…) qui seront réalisés par des collectifs ayant autorité scientifique.» «Les universitaires font face à leurs propres besoins en matière de terminologie de spécialité et dans l'entreprise de l'amazighation des enseignements», a souligné Cherifa Bilek, sous-directrice de l'enseignement et de la formation au HCA. Les participants au symposium ont aussi recommandé la «création d'un réseau institutionnel pluridisciplinaire associant toutes les variantes», que l'on voudrait voir «ouvert aux praticiens de la langue pour canaliser les travaux lexicographiques amazighs existants, en collaboration avec les compétences qui seront réunies dans le workshop». Force est de constater que ces recommandations s'inscrivent en droite ligne de la nouvelle vision du HCA, qui s'est investi dans l'édition pour la mise en valeur des travaux de thèses et de mémoires archivés dans les bibliothèques des périodiques universitaires. C'est pour encourager cet esprit d'initiative qu'est faite aussi la recommandation de poursuivre «l'effort du HCA dans le grand chantier de l'édition du livre et du multimédia amazighs, en impliquant les établissements étatiques dans le cadre de la coédition avec une commission qui a autorité scientifique».