La campagne d'irrigation n'est pas allée à son terme ; elle s'est arrêtée subitement un mois avant sa clôture en faisant peser de sérieuses menaces sur l'arboriculture et les cultures maraîchères. Et pour cause, le barrage de Oued Fodda est à sec, a annoncé hier le directeur de l'Office des périmètres irrigués de la vallée du Cheliff, sans toutefois fournir de plus amples informations sur le sujet. Il s'est contenté d'appeler à la solidarité des fellahs disposant de forages afin d'aider les autres agriculteurs de la région. En fait cet ouvrage est à moitié envasé et aurait emmagasiné cette année, selon des estimations officielles, 24 millions de mètres cubes. Un quota de 18 millions de mètres cubes était destiné aux irriguants de la wilaya dans le cadre de la campagne d'irrigation annuelle et le reste devait constituer le volume mort. Or, après la fourniture de 16 millions de mètres cubes, le barrage s'est totalement vidé et ne contient plus qu'un million de mètres cubes, selon le directeur de l'hydraulique de la wilaya. Cette quantité est donc très en dessous du volume mort, ce qui représente un grand danger pour les espèces de poissons qui y vivent. Selon le directeur de l'hydraulique un bureau d'étude hollandais est déjà sur les lieux afin de déterminer la capacité réelle restante. Il indiquera que l'opération en question, appelée la levée bathymétrique, n'a pu être effectuée ces dix dernières années en raison du climat sécuritaire qui prévalait à l'époque. A une question sur les mesures urgentes prises pour faire face à la situation, il évite de dramatiser l'affaire, estimant que « celle-ci est intervenue en fin de campagne d'irrigation sans grandes conséquences pour les cultures touchées ». Les fellahs de la région ne sont pas du même avis, ils appréhendent sérieusement les retombées négatives de ce problème sur leur potentiel agricole constitué de plus de 3000 hectares d'agrumes et d'autres arbres fruitiers. Rappelons qu'une catastrophe similaire avait frappé cette partie de la plaine du Cheliff en 1995. Nous avons tenté d'obtenir d'autres informations sur le sujet auprès de l'Agence nationale des barrages, de l'Office des périmètres irrigués et de la Chambre de l'agriculture de Chlef. Malheureusement, les responsables « habilités à parler avec la presse » n'étaient pas présents au moment de notre passage.