Des dizaines de personnes ont répondu favorablement, hier, à l'appel lancé par plusieurs organisations et militants politiques, pour la participation au rassemblement pacifique prévu à la Grande-Poste à Alger, puis à une marche de la place de la Liberté de la presse vers l'Assemblée populaire nationale. Les initiateurs de cette action ont voulu frapper fort en saisissant la date historique de la célébration du 60e anniversaire du déclenchement de la Guerre de Libération nationale pour réclamer le droit de manifester librement. Un droit légitime et constitutionnel. Seulement sur les lieux du rendez-vous, les pouvoirs publics ont mobilisé une armada de policiers en tenue officielle et en civil pour réprimer la manifestation. Les policiers ont quadrillé les lieux avant d'user de la force pour disperser la foule. Certains de ceux qui ont répondu à cet appel lancé à travers les réseaux sociaux ont été interpellés et embarqués aux commissariats de police. Certains manifestants n'ont pu être libérés qu'en fin de soirée. D'autres ont été sérieusement malmenés. Mourad Ouchichi, l'un des manifestants, regrette qu'en ce 1er novembre, une date importante qui symbolise les sacrifices consentis de toute une génération pour notre liberté, des citoyens soient tabassés et embarqués au commissariat parce qu'ils ont osé manifester dans la rue. De leur côté, les militants du mouvement Barakat, qui ont pris part à cette manifestation, ont dénoncé le recours aux arrestations arbitraires de citoyens qui voulaient organiser une marche pour exiger la liberté de manifester pacifiquement dans leur pays. Barakat et le MDS dénoncent «Ces arrestations arbitraires et despotiques, qui n'honorent pas la mémoire des chouhada et des valeureux moudjahidine, qui se sont battus et qui se sont sacrifiés pour la liberté du peuple algérien, témoignent de la nature antinationale du régime en place et de la trahison des valeurs du 1er Novembre et du Congrès de la Soummam», explique les militants de Barakat qui pensent qu'en ce 60e anniversaire du déclenchement de la Guerre de Libération, les arrestations de militants pacifiques est le synonyme que le combat pour la liberté et la démocratie, pour la consécration d'un Etat républicain et souverain, demeure un projet à bâtir et qui relève de la responsabilité de toutes les forces démocratiques conformément à l'Appel du 1er Novembre. Outré, le Mouvement démocratique et social (MDS) a également réagi à l'empêchement de cette manifestation. Pour cette formation politique, il est inconcevable que des citoyens algériens soient embarqués un 1er novembre pour avoir voulu réclamer leur droit de s'exprimer en toute liberté dans leur pays indépendant. «Aux marcheurs pacifiques, le pouvoir a encore opposé la répression pour défendre un système qui tourne le dos au projet d'une Algérie démocratique et sociale pour défendre avec rage les intérêts des forces liées à la spéculation et à la corruption», a-t-il dénoncé, considérant ainsi cette réaction du pouvoir comme «le prolongement de son instrumentalisation de l'histoire et de la confiscation du sigle du FLN qui devrait être restitué au patrimoine du peuple algérien». Plus virulent envers le pouvoir, le MDS ira jusqu'a dire que «le pouvoir voudrait vider de son contenu révolutionnaire et émancipateur une date symbolique réduite par la propagande officielle à la célébration du système par ceux qui en sont les bénéficiaires».