Le déferlement des produits importés sur le marché algérien se fait de plus en plus remarquer. La marchandise en provenance de différents partenaires commerciaux de l'Algérie a réussi à se frayer une place de choix à travers les différents points et espaces de vente quelle que soit la catégorie. Dans de nombreux cas, le produit importé est beaucoup plus mis en valeur dans les rayons par rapport au produit fabriqué localement. C'est ce que nous avons constaté à l'issue d'une tournée à travers certains espaces commerciaux de la capitale. Que ce soit chez l'épicier ou à la supérette du coin, la librairie du quartier, le marchand de meubles sur les différents boulevards d'Alger, les magasins d'habillement et de chaussures, les points de vente de cosmétiques, les pharmacies, les quincailleries, les bureaux de tabac ou tout simplement les grandes surfaces commerciales, nous avons remarqué une très forte prédominance des produits introduits sur le marché algérien via les réseaux de l'importation. «Aujourd'hui, on ne peut pas parler de concurrence entre le made in Algeria et le produit importé. Mais plutôt dire que l'importation a fini par écraser le peu de produits fabriqués en Algérie», nous dira un père de famille rencontré chez Uno au centre commercial de Bab Ezzouar. Justement, à ce niveau comme c'est le cas chez Ardis ou dans les autres surfaces commerciales que compte Alger, les produits importés sont beaucoup plus importants que la production nationale. Du rayon électroménager à celui de l'alimentation générale, biscuiterie et confiserie, passant par les rayons textiles, cosmétiques, produits de nettoyage, outils de jardinage, vaisselle, toutes les marchandises proposées à la vente sont pour l'écrasante majorité issues de l'étranger : Chine, Turquie, Espagne, Emirates arabes, Arabie saoudite, Tunisie, Pologne et bien d'autres pays qui figurent aujourd'hui dans la liste des fournisseurs de l'Algérie en différents produits, dont une partie ne semble pas d'une grande utilité pour le consommateur algérien. Une fois les courses terminées, les consommateurs se dirigent vers la caisse avec des caddies remplis essentiellement de produits fabriqués dans les usines de ces pays ou bien produits en Algérie avec des matières premières en provenance de ces régions du monde. «Nous aurions aimé acheter des produits algériens. Mais nous n'avons pas un grand choix», regrette une mère de famille venue de Kabylie pour faire ses courses à Alger avant de poursuivre : «Certes, les marchandises importées sont fortement présentes dans les espaces de vente. Mais par rapport à la ville d'où je viens (Tizi Ouzou ndlr), le made in Algeria est tout de même présent». Et à son conjoint de renchérir : «C'est vrai, à Tizi Ouzou, il y a beaucoup plus de produits importés. Ici, à Alger, nous arrivons à trouver des produits locaux.» Nécessité de revoir la structure des importations Ainsi, faute de production nationale et avec la disparition progressive de certaines entreprises, les citoyens se rabattent sur tout ce qui est importé et souvent dans de nombreux cas d'origine douteuse. D'ailleurs, aujourd'hui, la production locale ne couvre que 5% des besoins des consommateurs contre 18% dans les années 1990, selon un bilan du Forum des chefs d'entreprise (FCE). 80% des produits électroménagers et électriques proviennent de l'importation contre 75% pour les textiles et cuirs, selon l'Union générale des commerçants et artisans algériens. Ces chiffres rappellent encore une fois la forte dépendance de l'Algérie vis-à-vis des importations dans tous les secteurs et l'urgence de la mise en place d'une économie productive, surtout en ces temps de vaches maigres avec tous les risques qui pèsent sur les équilibres financiers du pays. La nécessité de revoir la structure des importations s'impose donc. Même dans l'agroalimentaire, une filière qui a pourtant connu un développement assez important ces dernières années contrairement à d'autres filières, à l'image du bois. Dans ce dernier segment, la facture des importations n'a cessé d'augmenter au fil des ans. Meubles de cuisine, chambres à coucher, mobilier de bureau, salons, tables et articles de décoration achetés de Chine, Malaisie, Turquie, Egypte, Espagne et France à coups de milliards de dollars ont fini par remplacer les meubles jadis fabriqués localement. Des localités entières sont connues pour être l'eldorado du meuble importé (Koléa, Aïn Naâdja…), El Hamiz pour tout ce qui est électroménager et El Djorf (Bab Ezzouar) pour la vaisselle. Ce sont là en somme quelques exemples illustrant parfaitement l'essor que prend l'importation en Algérie en l'absence d'une économie productive, mais surtout en présence de facteurs facilitant cette activité. Ils sont d'ailleurs de plus en plus nombreux les acteurs à se lancer dans ce créneau. De 32 500 importateurs à fin 2005, le chiffre est passé en juillet dernier à 41 507 entreprises d'import-export, mais en réalité d'import-import.
Commerce extérieur : Les mesures arrêtées depuis 2009 • LFC 2009 : décision du gouvernement de restreindre le paiement des importations par le seul crédit documentaire. • Mars 2010 : le décret n° 10-89 stipule ainsi que «toute personne exerçant une activité de production et/ou commerciale, conformément à la législation en vigueur, conformément à la législation en vigueur, doit avant toute opération d'importation formuler une demande de franchise de droits de douane». Concrètement, les opérateurs devront demander une licence d'importation. • LFC 2010 : dispense du recours au crédit documentaire pour les importations des intrants et de pièces de rechange réalisées par les entreprises productrices, à condition que «ces importations répondent exclusivement aux impératifs de production ; les commandes cumulées annuelles opérées dans ce cadre n'excèdent pas le montant de deux millions de dinars (2 000 000 DA) pour la même entreprise. • Janvier 2011 : suspension et exonération des droits de douane de taxes et d'impôts sur le sucre et les huiles, du 1er janvier au 31août 2011. La suspension des droits de douane est de l'ordre de 5% à l'importation du sucre roux et des matières de base entrant dans la fabrication des huiles alimentaire, la suspension de la TVA (17%) pour ces mêmes produits, ainsi qu'une exonération de l'impôt sur le bénéfice des sociétés (IBS). • Mars 2011 : annulation de l'exigence de la présentation des certificats pour l'importation (certificats phytosanitaires, de contrôlé de qualité, et d'origine de l'importation). Et ce, sans compter bien sûr les faux importateurs qui réussissent à inonder le marché de produits d'origine douteuse et de surcroît interdits, comme les produits pyrotechniques. Mais surtout inutiles pour les consommateurs. D'où la nécessité de revoir de fond en comble la liste de ces produits qui ne font le bonheur que de ceux qui les introduisent sur un marché ouvert à toutes les irrégularités et à tous les dépassements, que ce soit à l'égard du consommateur ou de l'économie nationale.