Le premier responsable du FLN doit faire face à un nouveau vent de contestation au sein du parti. C'est aux cris de «Dégage», «Non à l'argent sale» et «Alger est notre capitale et non Paris», en référence aux nombreux séjours du patron du Front de libération national dans la capitale française, qu'une centaine de militants du parti se sont réunis, hier, devant le siège du parti à Hydra pour réclamer le départ de Amar Saadani, premier responsable du FLN. «Nous voulons le départ de celui qui passe plus de temps à Paris qu'à Alger, déclare Abdelhamid Seddiki, mouhafedh d'El Harrach et membre du comité central. «Le parti ne peut pas être dirigé depuis la capitale française.» Pour désamorcer la tension, le patron du parti, présent sur place, a tenté de rencontrer les manifestants qui ont refusé de répondre à son invitation. «Nous n'avons rien à lui dire, a affirmé le mouhafedh d'El Harrach. Nous voulons qu'il parte.» Si le chargé de la communication, Saïd Bouhadja, regrette l'attitude des contestataires, qu'il qualifie de «minoritaire», il tient à souligner que «si la liberté de s'exprimer est un droit, elle doit se faire dans un cadre réglementaire». Et de rappeler que Amar Saadani a été élu à la tête du parti par les membres du comité central. En réalité, le secrétaire général du FLN doit affronter une contestation qu'il a lui-même provoquée en décidant de procéder à un nouveau découpage organique du parti. Dans l'optique du prochain congrès qui est prévu en 2015, Amar Saadani avait décidé la création de nouvelles mouhafadates pour garantir sa réélection. Ainsi, pour la wilaya de Batna, le patron du parti a décidé de créer trois mouhafadates (Batna, Arris et Barika) et d'installer des personnalités qui lui sont proches, à l'image de Nacer Latrache, directeur de campagne de Ali Benflis dans la wilaya, comme nouveau mouhafedh de Batna, mais également le sénateur Bouzid Bebaida à Barika et Belkacem Mensouri à Arris. «Saadani qui n'aime pas Sellal veut faire son propre découpage administratif et par la même nommé des mouhafedhs qui lui seront acquis lors du congrès», analyse un membre du comité central. Mais cette nouvelle action de contestation a touché également les députés qui ont déclanché une fronde à l'encontre de la direction du plus vieux parti, que le président du groupe FLN à l'Assemblée populaire nationale, Ahmed Khaoua, a qualifié dans la presse de «campagne malveillante orchestrée par certains éléments perturbateurs connus de tous pour leur hostilité au projet du président de la République porté par le FLN, visant l'édification d'un Etat moderne basé sur le droit et la justice», et d'accuser le groupe de l'ex-coordinateur national du bureau politique, Abderrahmane Belayat, d'être derrière «ces manœuvres de déstabilisation». Reste que derrière la crise interne que vit le parti, se cache la lutte de pouvoir qui touche actuellement les clans du système. Le parti qui n'a jamais été maître de son destin, a toujours subi les soubresauts qui touchent le pouvoir. Ces attaques contre le secrétaire général ont lieu au moment où plusieurs mouvements de protestation avaient auparavant touché le corps de la police, mais également de la Protection civile et des Douanes. «Nous sommes dans une optique de fin de règne, de fin de système qui provoque une grande agitation estime Abdelkader Cherrar, membre du comité central. Ce qui se passe actuellement est la conséquence de tiraillements au sein du pouvoir. Cela se cristallise autour du FLN qui continue à être la vitrine du système.» Pour M. Cherrar, la partie d'échec, qui a lieu actuellement, est directement liée à la transmission du pouvoir. «La question cruciale est de savoir si le pouvoir va rester dans le système ou basculer dans le clan c'est-à-dire dans le giron familiale», estime-t-il.