Huit heures trente, samedi 15 juillet, la grande salle du service de l'état civil de la commune avec sa dizaine de guichets offre à cette première heure de la matinée un spectacle affligeant à tel point que de nombreux administrés, de guerre lasse, ont abandonné la protestation et, avec résignation, ne se posent même plus la question du pourquoi de la désorganisation de ce important service public. L'émanation d'odeurs mêlée à la chaleur étouffante étreint malgré les humidificateurs électriques suspendus au mur qui n'arrivent pas à dissiper la lourde atmosphère à cause de la grande affluence. Les administrés qui s'agglutinent autour des guichets sont exaspérés par les longues files d'attente à la première heure de la matinée. Les nerfs sont déjà à fleur de peau et la moindre réflexion échangée entre guichetier et administré peut provoquer l'explosion. Questionnés sur leur présence dans cet endroit, ces citoyens sont là, disent-ils, pour retirer des pièces d'état civil en prévision de la prochaine rentrée scolaire et universitaire. D'autres sont présents aussi pour la procédure de légalisation d'un document administratif ou simplement accompagner un collègue en guise de témoin indispensable pour obtention de la fameuse attestation de « non-activité salariale » de l'épouse exigée dans presque la quasi-totalité des dossiers administratifs. Les agents guichetiers encore frais et dispos aux premières heures de l'ouverture des bureaux sont visiblement exténués par tant de sollicitations et ne savent plus où donner de la tête. Les responsables administratifs de la commune déploient, à en croire les affirmations de certains agents, des efforts louables pour satisfaire les requérants et alléger les guichets de la grande affluence devenue insupportable. Ces efforts, semble-t-il, sont annihilés par la forte demande exprimée. L'agglomération de Béchar compte plus de 160 000 âmes et dispose seulement de 4 antennes administratives qui n'arrivent pas à prendre en charge toutes les demandes exprimées par les habitants. A elle seule, la circonscription de Béchar Djedid, dotée d'une antenne administrative, compte plus de 60 000 habitants et le quartier Debdaba autant. C'est dire que les antennes administratives réparties à travers la commune sont dépassées par la demande explosive en matière de délivrance des pièces et des documents administratifs. Analysant la profondeur du mal, plusieurs administrés suggèrent en vue d'atténuer la tension sur les guichets disent-ils, des mesures concrètes qui pourraient être prises par les responsables locaux. Ils souhaitent une délégation du pouvoir à titre exceptionnel aux chefs des établissements scolaires et universitaires en matière de délivrance des fiches d'état civil aux élèves et étudiants. Toujours dans le même ordre d'idées, certains organismes publics, ajoutent ces administrés, devraient cesser d'exiger à tout candidat se présentant par exemple à un examen professionnel de produire d'innombrables documents d'état civil avant même que sa participation à l'examen soit confirmée ou qu'il soit déclaré admis. Ce qui représente, selon eux, non seulement une aberration mais un gaspillage énorme en imprimés et un renforcement de la bureaucratie par la présence des requérants devant les guichets. D'autres, beaucoup plus clairvoyants, demandent simplement l'application de la réglementation en la matière notamment l'ordonnance n° 70-20 du 19 février 1970 portant code de l'état civil. Les dispositions de celle-ci sont claires et stipulent que la fiche d'état civil familiale ou individuelle instituée par la loi vaut bulletin de naissance, de décès, certificat de mariage, de non mariage, de célibat selon le ou les mentions portées en marge. En outre, d'après toujours l'ordonnance précitée, la fiche d'état civil a été créée en vue de la simplification des formalités administratives et la seule exception prévue par l'article 125 de l'ordonnance sus-mentionnée concerne les dossiers de naturalisation, de passeport, d'inscription au registre du commerce, de procédure de recrutement, de mariage, de pension et sur la nationalité. Pour mettre un terme définitif à cette bureaucratie tatillonne, les citoyens espèrent que seront engagées à la fois une réflexion et une concertation entre les différents ministères en particulier ceux de l'Intérieur, de l'Education et du Commerce pour l'application de l'ordonnance n° 70-20 du 19 février 1970 qui a été depuis longtemps perdue de vue.