Samedi 11 octobre 2014, comme l'indiquaient les centaines d'affiches, un hommage solennel a été rendu, au Musée du moudjahid de M'douha, dans la wilaya de Tizi Ouzou, à la mémoire de Rabah Bouaziz, dit «Saïd», décédé il y a 5 ans, jour pour jour. Militant nationaliste depuis son adolescence, il a été membre des Scouts musulmans, du PPA et du MTLD. En 1956, il était commissaire politique de la Wilaya IV, avant d'intégrer en France, de 1957 à l'indépendance, le Comité fédéral de la Fédération de France du FLN (1954/1962), en qualité de responsable de l'Organisation spéciale (OS) et du renseignement. La cérémonie a été présidée par Si Ouali Aït Ahmed, président de l'association Thagrawla 1954-1962, ancien officier de l'ALN-Wilaya III, membre de la Fédération ONM de Tizi Ouzou. L'assistance était essentiellement constituée d'anciens maquisards de la Wilaya III, de quelques membres de la Fédération de France, dont certains fidayine du «second Front» ouvert dans la nuit du 24 au 25 août 1958, et de Mme Akila Abdelmoumene Ouared, membre du secrétariat national de l'ONM, l'une des anciennes responsables, à mes côtés, de la section des femmes de l'organisation du FLN en France. Tiznaguine, village natal de notre cher défunt, était fièrement représenté par son comité de village et des membres de sa famille venus aux côtés des élus de l'APC, dont le président ainsi que d'autres amis de Tizi Rached. Les gens de la presse, tous titres confondus, sont venus nombreux couvrir cette journée d'étude. Après avoir déposé une gerbe de fleurs à la mémoire des martyrs tombés au champ d'honneur, nous avons regagné la salle de conférence du musée, observé une minute de silence et rendu les honneurs à notre hymne national Qassaman. Puis, un film réalisé pour la circonstance par le Musée et retraçant le parcours du Rabah Bouaziz et dont le contenu essentiel est un enregistrement de sa communication à la conférence commémorative organisée, le 27 août 2007, à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, a été projeté. Dans ce documentaire, le défunt explique le sens politique de l'ouverture, sur instruction de Abane Ramdane, du «Second front» en France. Ensuite, il a été proposé aux présents qui avaient connu «Saïd» de monter à la tribune. Ainsi, parmi les nombreux intervenants, d'anciens commandos, qui avaient perpetré l'attentat contre Soustelle à Paris, le 16 septembre 1958, ont pu livrer un vibrant hommage à - comme ils l'ont répété - «leur chef». Je tiens, au nom de mes enfants, de Dahbia Ourahmoune, la sœur de Rabah, de toutes nos familles, à remercier et féliciter les organisateurs de cet hommage rendu à l'un des nombreux et dignes fils de l'Algérie qui très tôt se sont engagés de toute leur âme dans la lutte pour l'indépendance nationale. Je remercie vivement aussi les frères qui ont pris la parole pour témoigner de la grande rigueur, de l'exigence et de la puissance de travail de leur responsable «Saïd». Merci également aux frères que l'on n'a pas vus ni entendus, je veux parler d'autres militants de l'OS, très proches collaborateurs de Rabah Bouaziz, tels Hocine Bendali et M'hamed Belhaoues. Leurs témoignages n'ont pas pu être recueillis, sans doute faute de temps. Mais ils ont reçu l'assurance qu'ils figurent au programme du musée et qu'ils se feront très prochainement. Ces remerciements s'adressent aussi à toutes les personnes de bonne volonté qui ont contribué, de près ou de loin, à la réussite de cette journée. Pour nous, moudjahidine et moudjahidate survivant(e)s de l'épopée de Novembre, qui n'avons pas toujours réussi, hélas, à préserver l'histoire réelle de notre guerre de libération des nombreuses manipulations par les falsificateurs et autres imposteurs. Il est évident que l'évocation solennelle d'acteurs aujourd'hui disparus, tels que feu Rabah Bouaziz, nous réconforte, car elle participe au devoir impérieux de mémoire et de vérité envers notre jeunesse. Cette Algérie pour laquelle nous avons engagé un combat sans merci le 1er Novembre 1954. Il est urgent en effet que nos enfants s'approprient 1'héritage légué par l'exemple de leurs aînés, qu'ils se sentent fiers de leur succéder aux commandes d'une Algérie reconquise, qu'à leur tour ils aient à cœur d'œuvrer à l'essor d'une société de l'effort, épanouie dans toute sa diversité, parce que moderne, solidaire et juste. Comme je l'ai exprimé ce 11 octobre dans l'enceinte du Musée du moudjahid, mon souhait le plus ardent est que dorénavant les hôtes de marque de ces manifestations du souvenir et de la vérité soient systématiquement les jeunes filles et les jeunes gens, forces vives, la relève de l'Algérie, en impliquant les écoles, les lycées et les universités. Les anciens ne doivent plus jamais se retrouver «entre vieux», retraités nostalgiques du passé, usés, sans impact sur la dynamique d'avenir de notre société.