Même si le constat est identique aux autres rues de la ville de Souk Ahras et même si rabâcher sur certains phénomènes risque de produire une banalisation, donc, un effet inverse, il existe des «rues-monuments» qui effleurent par leur dégradation toute une mémoire, toute une population. La rue qui longe l'actuelle école Ibn Khaldoun (ex-Groupe scolaire) n'offre plus ce décor d'espace pédagogique qui imposait par l'austérité et l'entretien de la bâtisse le respect qui se doit. L'unique jardin public qui encensait les lieux par l'odeur du jasmin et du musc, connaît une dégradation extrême et c'est surtout l'odeur de l'urine et des immondices qui agresse au passage vos narines. Les camions et les véhicules utilitaires stationnés à longueur de journée, perturbent la circulation et mettent en péril la vie des écoliers. «Je ne laisse jamais mes enfants traverser cette route à cause des chauffards qui passe à vive allure.», a déploré une femme qui habite à quelques mètres de l'école. La présence permanente de certains marginaux à l'entrée du CEM est aussi l'une des préoccupations majeures des parents d'élèves. «Il y a comme vous pouvez le constater ces hordes de jeunes qui importunent les jeunes filles et peuvent à tout moment passer à l'agression physique.», s'est plaint un parent d'élève. Le pire est constaté du côté de la rue des écoles, transformées depuis peu en aire de stationnement pour les transporteurs qui desservent cette rue et la cité Ghellouci. Au petit matin c'est le vrombissement des moteurs et le brouhaha des passants. La nuit le tapage est intensifié par les noctambules qui se regroupent à la sortie de la rue et les adeptes de Bacchus. La poussière, la gadoue, le carrelage flottant, la prolifération des rongeurs et des chiens errants, l'absence de l'éclairage public sont autant de misères vécues au quotidien par les riverains. En aval de ces deux rues, un sentier qui préserve encore les traces d'un quartier huppé, croule, lui aussi sous le poids des ordures et des matériaux de construction. C'est l'ancienne route des Jardins. On y vit dans la discrétion de ceux qui ont su très tôt que les mœurs ont changé et que l'ère est plutôt favorable à une vie casanière. Plus de vergers ou d'arbres ornementaux dans les parages depuis que le béton et les nouveaux riches y ont fait des siennes. «On a improvisé plusieurs décharges publiques dans cette partie de la ville de Souk-Ahras où il faisait bon vivre… une eau aux odeurs nauséabondes ruisselle du haut des escaliers qui séparent les différentes bâtisses….l'état des avaloirs et de tout le réseau de canalisation laisse à désirer…Bref, toutes les lacunes que l'on peut rencontrer dans un bidonville.», a décrit un habitant.