«Le coiffeur de la pleine lune» a encore une fois sévi à Oran. Djelani Maâchi réédite une performance qu'il a déjà réussie il y a trois ans. Mais, cette fois, il a également réussi le pari d'attirer sur lui tout le succès du traditionnel défilé de mode qui agrémente les salons dédiés à la beauté. Le public présent au Sheraton l'a, effectivement, fortement acclamé pour les résultats obtenus sur les mannequins qui se sont prêtées au jeu. Celles-ci ont été engagées par Live-events, organisateur de la manifestation. Tel un magicien, le coiffeur, ambulant pour l'occasion, avait plus d'un tour dans sa mallette, pour rendre plus belle la personne en face de lui. Quelques coups de ciseaux, de brosse et le miracle opérait. Evidemment, les jeunes femmes ont été coiffées auparavant, et ce sont donc juste les dernières retouches qui sont présentées au public. «Djelani Maâchi est aussi visagiste», s'empresse de préciser l'animatrice du show, qui l'a vu faire à Paris avant de lui adresser une invitation pour venir présenter son spectacle (car c'est de cela qu'il s'agit), à Oran. «Quoi que l'on dise, le visage humain est toujours asymétrique et moi ce que je fais c'est d'essayer de mettre en valeur son bon côté», nous explique-t-il, à l'issue de sa prestation. A chaque visage un type de coiffure. C'est le secret de son succès, rehaussé par une référence au mystère de la pleine lune. D'origine algérienne, il va mêler un zeste de superstition maghrébine pour expliquer ses choix esthétiques. «Traditionnellement, la première coupe de cheveux se fait durant la pleine lune». En 1963, quand ses parents (père médecin) ont quitté l'Algérie pour s'installer en France, il avait 13 ans, assez âgé pour garder des souvenirs vivaces. «Les choses n'ont pas été faciles pour moi en France à cette époque-là, car après une scolarité inachevée, j'ai dû exercer plusieurs métiers avant de trouver ma vocation grâce à Jacques de Closet», raconte cet immigré, qui se rappelle avec émotion avoir été le coiffeur de Serge Gainsbourg vers la fin des années 1960. Le célèbre coiffeur français qui l'a initié (frère aîné du journaliste François) a été effectivement le coiffeur des rockers de cette période. Aujourd'hui, le style est passé de mode, mais la passion est restée la même. Djelani Maâchi a son propre salon dans un quartier chic de la capitale française. Ultime consécration, l'émission «Télématin», animée par William Leymergie sur France 2, lui a consacré un passage en août dernier, enregistré à la place des Victoires, à Paris. A Alger, où il dispose d'un autre salon, il espère également ouvrir une école pour transmettre aux jeunes de son pays d'origine un savoir-faire acquis grâce à sa motivation et sa persévérance. «Ce projet d'école à Alger me tient particulièrement à cœur, même si pour cela il faut surmonter quelques difficultés», déplore-t-il. Les embûches sont beaucoup plus liées à la bureaucratie (obtention de l'agrément et de l'autorisation d'exercer du ministère de la Formation professionnelle) qu'à la disponibilité du terrain ou des sources de financement.