«L'initiative du FFS donne le sentiment de fragiliser l'opposition et constitue une bouée de sauvetage pour le pouvoir.» C'est ce constat «très peu diplomatique» qu'a dressé par Abdelaziz Rahabi. Invité, hier, du forum du journal Liberté, l'ancien ministre de la Communication a, dans la foulée, annoncé une réunion de l'Instance de coordination et de suivi de l'opposition pour donner une réponse «définitive» à la proposition du FFS. «Nous allons rendre publique une réponse collective pour en finir une bonne fois pour toutes avec cette histoire», a-t-il indiqué.Si l'ancien ministre parle ainsi de cette proposition du FFS, qui préconise une «conférence de consensus national», c'est parce que «nous avons l'impression que la proposition du FFS est devenue l'attraction de l'heure. Elle a même permis au pouvoir de faire oublier sa proposition de révision de la Constitution». «C'est la preuve que le pouvoir n'a pas de projet», ajoute le membre de l'Instance de coordination et de suivi de l'opposition. Plus académique, Abdelaziz Rahabi indique que «seule une expérience de conférence de consensus a réussi dans le monde : elle a eu lieu en 1990 au Bénin». Mais à la différence de l'Algérie, dans ce pays subsaharien, la proposition avait émané du pouvoir et non de l'opposition. «Je ne peux pas accepter que le FFS, qui est en principe un parti de l'opposition, vienne avec une feuille blanche. Une telle proposition devra émaner plutôt du pouvoir», a-t-il encore dit. «Seule la presse…» S'il avance que «seule la plateforme de Mazafran – signée par la quasi-totalité de l'opposition – est l'unique alternative au pouvoir», Abdelaziz Rahabi estime que la situation du pays «est dangereuse». Sur le plan politique, «la vacance de l'institution présidentielle paralyse toutes les institutions et risque de se transformer en une crise d'Etat». L'orateur voit en l'absence du président de la République une «conséquence de sa volonté de consacrer tous les pouvoirs entre ses mains. C'est incroyable que l'Algérie, qui était le premier pays de la région à avoir limité le nombre de mandats en 1996, est aujourd'hui le seul dont la Constitution permet un mandat à vie au chef de l'Etat».Sur le plan économique, l'ancien ambassadeur d'Algérie à Madrid rappelle que le pays «importe absolument tout ce qu'il consomme». Une situation de fragilité qui rend sa position de «puissance régionale aléatoire». «On ne peut pas être fort politiquement si notre économie et fragile», a-t-il ajouté, devant une assistance composée de journalistes, mais aussi d'hommes politiques à l'image d'Ali Benouari (ancien ministre du Budget et candidat à la dernière élection présidentielle) et d'Ahmed Attaf (ministre des Affaires étrangères sous Liamine Zeroual). Autre preuve de la fragilité de l'Algérie sous Bouteflika : la diplomatie. «Depuis 2000, l'Algérie de Bouteflika a mis fin à la diplomatie de consensus, instaurée à partir des années 1980, par une diplomatie basée sur le vœu d'un seul homme. Résultat : aux attaques du roi du Maroc, il n'y a aucune réponse algérienne au niveau requis», dit-il. Mais dans ce tableau noir, M. Rahabi n'exclut pas non plus la classe politique qui porte «une responsabilité» dans ce déclin national. «Le discours politique algérien est indigent.» Selon lui, «seule la presse a fait avancer un peu l'Algérie en sortant le discours politique des cercles académiques et universitaires». Tout un projet !