Il n'y a eu aucune réaction, officielle ou officieuse soit-elle, de la part des autorités algériennes. Des harraga libérés au moment où d'autres ont été rapatriés en Algérie, telle est la réponse des autorités espagnoles à la vague d'indignation locale suscitée par les agressions policières du 14 octobre dernier (El Watan du 25 octobre) et les récurrentes graves atteintes aux droits humains dont sont victimes, depuis des mois, voire des années, des Algériens en rétention dans le Centre d'internement d'étrangers (CIE) de Valence. Et qu'en est-il des nôtres, c'est-à-dire nos diplomates en poste au royaume ibérique ? Toujours murés dans un silence assourdissant, d'après les défenseurs de la cause des migrants irréguliers de CIEs NO Campana pour la fermeture des centres d'internement d'étrangers en Espagne – regroupant une trentaine d'organisations des droits de l'homme et sociales valenciennes et de l'Etat espagnol. «A notre connaissance, à ce jour, il n'y a eu aucune réaction, officielle ou officieuse soit-elle, de la part des autorités algériennes à l'Etat espagnol. En revanche, depuis les agressions policières du 14 octobre dernier, ayant, encore une fois, particulièrement ciblé, après celles de septembre, des Algériens du CIE de Valence, les rapatriements depuis les CIE vers l'Algérie se poursuivent avec la collaboration des autorités consulaires algériennes», a déclaré à El Watan Tito Mompo, représentant du CIEs NO à Valence (est de l'Espagne). Et les plaintes déposées en septembre par une dizaine d'Algériens, pour mauvais traitements policiers, ont-elles une chance d'aboutir ? «Maintenant que la plupart d'entre eux ont été rapatriés, on va voir si les autorités judiciaires espagnoles vont réagir face aux plaintes déposées. Malheureusement, c'est rare que les plaintes soient étudiées par la justice espagnole», a indiqué notre source. «Rare», c'est le cas de le dire, puisque la décision de réouverture, par la cour de Valence en mars 2014, après plus de deux années de procédures, de l'enquête relative à une affaire similaire – maltraitances envers des migrants irréguliers algériens dont des mineurs qui étaient «internés» au CIE de Zapadores (Valence) – fut considérée comme une première dans les annales de la justice espagnole. Procédure contre la police espagnole Cette dernière a, justement, entamé cette semaine la procédure contre le policier espagnol accusé d'avoir agressé les cinq mineurs algériens en avril 2012, et ce, en plus de la mise en examen d'un autre policier de garde dans le même établissement pour avoir frappé, maltraité et humilié un autre Algérien en octobre 2013, apprend-on de M. Mompo. Outre les récurrentes attaques physiques et verbales policières, c'est à de non moins violentes attaques de punaises, cette fois, que font face, depuis l'été dernier, nos compatriotes et d'autres pensionnaires de différentes nationalités du CIE de Valence, leur rendant la vie «insupportable» et leur causant de graves lésions cutanées. Raison pour laquelle le ministère de l'Intérieur espagnol a décidé, mercredi 29 octobre, la fermeture temporaire du CIE de Valence, fera savoir, par ailleurs, notre source. Plus de 120 immigrants — 80% sont des hommes et 20% des femmes — ont ainsi été délogés et temporairement placés aux CIE de Madrid et de la zone franche de Barcelone. Or, en réalité, si cette décision de fermeture a finalement été prise, ce n'est pas pour le «confort» des internés, mais parce que les punaises, dont les foyers de larves avaient confortablement pris place à même les installations, les vieux matelas et les barreaux des cellules où étaient entassés les internés – plus de 6 personnes par cellule – commençaient à s'en prendre également aux policiers qui s'en étaient plaints à leur hiérarchie. «Depuis mercredi 29 octobre, le CIE de Valence demeure fermé et les internés ont été transférés aux CIE de Barcelone et de Madrid. La cause de la fermeture temporaire du CIE de Valence est due à une invasion de punaises qui s'était déclarée l'été dernier. Pendant tous ces mois, la vie des internés s'est déroulée dans des conditions indignes, inhumaines, car ils étaient constamment attaqués violemment par ces insectes. Les autorités du CIE ont pris la décision de la fermeture provisoire seulement quand certains policiers ont commencé à y être, eux aussi, affectés», s'indigne le représentant de CIEs NO.