Le syndicat d'entreprise du Complexe de machinisme agricole (CMA) de Sidi Bel Abbès a réitéré, hier lors d'un point de presse animé au siège de l'union locale de l'UGTA, son « rejet catégorique de toute compression d'effectif ». Plus de 50% de l'effectif, c'est-à-dire quelque 250 ouvriers, risquent de perdre leur emploi dans les mois à venir, a indiqué M. Naceri, secrétaire général du syndicat d'entreprise. Selon lui, cette décision, non encore notifiée par les responsables de la Société de gestion des participations (SGP) Equipag, a été prise sans consultation du partenaire social. « L'ensemble des travailleurs envisage d'occuper la rue au cas où la SGP décide de passer à l'action », avertit M. Naceri. « Si les pouvoirs publics veulent la fermeture d'un des plus importants complexes de la région qu'ils le disent clairement, parce que avec seulement la moitié de l'effectif actuel, c'est carrément la mise à mort d'une entreprise qui fait vivre des centaines de familles, voire des milliers », l'interrompt le président du comité de participation (CP), M. H'mida. Evoquant la compression d'effectif de 1997, qui a touché plus de 1200 travailleurs, dans le cadre de la fameuse formule du départ « volontaire », le président du CP n'a pas manqué de préciser que celle-ci a participé à la paupérisation de pans entiers de la population locale. « Après tous ces sacrifices on vient encore nous demander de licencier 250 autres ouvriers, c'est inacceptable. Au fond, ce n'est pas un problème de sureffectif mais de gestion », ajoute-t-il. A ce propos, l'orateur s'est interrogé sur le sort du plan de production approuvé en 2005, permettant le maintien de l'activité du complexe jusqu'en 2012, et qui, depuis, « somnole » au niveau de la chefferie du gouvernement. Plus grave encore, la SGP aurait « interdit » la production de la pièce de rechange en attendant la relance de l'activité. « Ils nous ont interdit la fabrication de la pièce de rechange, préférant l'importer au détriment de la production nationale », s'indigne le responsable du syndicat d'entreprise. Il reste d'ailleurs convaincu que le CMA est victime d'une gestion anachronique qui fait que ses produits sont commercialisés par une autre entreprise (PMAT) qui, de surcroît, traîne les pieds quand il est question de passer à la caisse pour honorer ses engagements. « Qu'on nous laisse vendre directement nos produits, nous en sommes capables ! », affirme-t-il. Et d'enchaîner : « Avec la politique de morcellement des terres agricoles, nous sommes même en mesure d'adapter nos produits aux exigences du marché. » En parlant de marché, il fera remarquer que l'entreprise demeure viable, en témoignent les propositions de partenariat formulées par les Allemands de Class pour la fabrication de la moissonneuse-batteuse Dominator 130, un engin de dernière génération. Des contacts avec une firme italienne pour la production du Farmlainer (moissonneuse-batteuse) existent aussi. A noter que le CMA a été érigé dans le cadre du premier plan quinquennal (1970-1981). Créé en 1973, il produit une gamme variée de produits destinés surtout au marché local (moissonneuses-batteuses, ramasseuses-presse, faucheuses, etc.) Il dispose également d'une grande capacité de sous-traitance dans la pièce mécanique et la soudure. Avec 505 employés, 14% du taux d'encadrement et un taux d'intégration frôlant les 70%, pour certains produits, le complexe a enregistré un chiffre d'affaires de 753 millions de dinars en 2004, selon des données communiquées par la direction générale.