La revue Passerelles, qui paraît à Tizi Ouzou depuis novembre dernier, semble s'inscrire dans la durée. Faire une revue de très bonne qualité technique et entièrement consacrée à la culture est un pari que ses éditeurs ont réussi à relever. Jusqu'à présent, du moins. Ce mensuel en est à son 9e numéro et chaque édition est une nouvelle découverte pour le lecteur. La revue ambitionne d'être une passerelle entre les générations et entre les différentes régions du pays. C'est déjà un fonds documentaire inestimable. Réalisée par uniquement trois journalistes permanents, Passerelles repose toutefois sur l'immense notoriété de l'artiste Lounis Aït Menguellet qui occupe la fonction de conseiller culturel dans le staff rédactionnel et l'interviewer principal. La revue est née à partir d'un constat : l'inexistence d'une revue culturelle de qualité. Lounis Aït Menguellet affirme : « Notre démarche est d'essayer en toute modestie de combler un tant soit peu le vide en matière de revues culturelles. Je ne prétends pas être journaliste, mais j'ai jugé que si mon nom pouvait apporter quelque chose, alors autant s'y investir. » L'éditorial du premier numéro fixe les objectifs de la revue : « Ces dernières années, l'on a ouvert toute grande la boîte de Pandore de la bêtise culturelle. Et si le mal se combat de face, la bêtise est comme les sables mouvants, plus vous vous débattez, plus vous vous enfoncez. » La ligne éditoriale de Passerelles reste immuable. L'éditorialiste ajoute : « Nous sommes dans une période où la créativité recherche ses repères et emprunte des voies multiples. Les conditions de notre société font que constamment cette créativité est bridée, voire étouffée. La modeste contribution que veut apporter Passerelles, c'est de lui forer de petites cheminées qui lui permettent de respirer. » Tout en couleurs, avec du papier glacé, la revue de 56 pages, bien illustrée avec des textes et des photos inédits, honore et fait découvrir des figures du monde des arts et de la littérature ; Chérif Khedam, Martinez, Blaoui El Houari, Amar El Achab, Bali et tant d'autres. Aussi bien dans son contenu que dans sa diffusion, Passerelles se veut à caractère national. Certains milieux à Tizi Ouzou doutent des compétences et même de la sincérité du staff rédactionnel. Ainsi, évoque-t-on l'implication de détenteurs de gros capitaux et d'autres évoquent la présence de puissants hommes du sérail derrière la revue. Aït Menguellet coupe court aux rumeurs : « C'est Mohand Toubal, responsable des Messageries de Kabylie Presse, qui est le principal associé. Son entreprise, créée dans le cadre de l'Ansej, dispose de locaux qu'il a mis à la disposition de la rédaction. Pour les financements, Cevital, Djezzy, Soummam, Vénus, Ramdi et l'Anep sont les principaux annonceurs. Les contrats que nous signons nous permettent d'équilibrer notre trésorerie. Ils en font un acte culturel, un soutien à notre projet. » Les cinq pages de publicité lui assurent la survie. C'est parce que la qualité technique est impeccable qu'un certain public émet des doutes, commente le directeur de la publication, Mohand Toubal. La diversité des annonceurs et la crédibilité de la revue lui assurent un avenir. Passerelles tire à 5000 exemplaires et coûte 150 DA. La revue est composée de plusieurs rubriques ; l'actualité culturelle, des dossiers sur le cinéma, la littérature, la chanson, les arts plastiques, les arts dramatiques, des interviews, des posters et des pages détente. L'édition du mois d'août est quasiment prête et une bonne partie sera consacrée au regretté El Hachemi Guerrouabi. C'est Lounis Aït Menguellet qui signera l'éditorial.