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L'attente d'un rapatriement qui tarde à venir
Camp des migrants Nigériens à Saket (Béjaïa)
Publié dans El Watan le 19 - 11 - 2014

Soulaïmane promène son enfant de trois ans dans les allées du campement. Cet homme n'est pas un vacancier.
C'est un migrant nigérien de 40 ans, qui mène une vie de nomade en Algérie, où il a débarqué après un très long périple en 1998. Il a fui, en compagnie de sa femme, la famine et la misère dans son pays d'origine, croyant à «l'eldorado algérien». Il vivote grâce à de petits boulots, allant de ville en ville. A la recherche d'un travail plus ou moins stable, il arrive à Béjaïa, comme plusieurs dizaines de ses compatriotes. Après plusieurs mois d'errance et de mendicité dans les rues de l'ex-capitale des Hammadites, sa quête d'une vie décente le mène dans un camp de toile, qui fait office de centre de transit sur le littoral béjaoui.
Comme Soulaïmane, ils sont 207 migrants et réfugiés subsahariens à avoir trouvé refuge dans le camp de toile de Saket, à l'ouest de Béjaïa. C'est après la mort d'un bébé dans les bras de sa maman, après avoir été percuté par un chauffard, alors que la petite famille quémandait sur l'un des boulevards de la ville de Béjaïa, que le wali a décidé de les regrouper et les éloigner de la rue. Ils ont été transférés vers le camp de Saket, afin de les mettre en sécurité et de les prendre en charge sur les plans sanitaire, sécuritaire et alimentaire, en attendant qu'une décision définitive des autorités centrales soit prise quant à leur sort.
Dans le même contexte, les militants de la Ligue des droits de l'homme ont initié un rassemblement devant le siège de la wilaya pour demander une prise en charge par l'Etat de ces «exilés». Ainsi, Béjaïa est la seule wilaya qui a pris les devants, en assurant le minimum vital à ces réfugiés grâce à la mobilisation citoyenne. Pas moins de 207 migrants nigériens sont transférés dans le camp de vacances de Saket. Lundi 17 novembre, virée sur les lieux.
Des familles avec des bébés, des hommes dont des vieux y sont installés. Dans l'enceinte du campement, une ambulance de la Protection civile est garée à proximité d'un baraquement qui fait office d'infirmerie, où deux infirmières et un médecin y exercent quotidiennement. A l'extérieur, une brigade mobile de la Gendarmerie nationale assure la sécurité des réfugiés et du personnel composé des éléments du Croissant-Rouge algérien (CRA) et de l'équipe médicale. Le responsable du camp, un membre du CRA, dira qu'«ici, nous leur assurons des soins, de la nourriture et des couvertures depuis une semaine. La prise en charge se passe très bien en attendant ce que l'Etat décidera quant à leur sort».
Jusqu'à quand ?
Observant des enfants qui jouent au ballon, un autre bénévole estime que «ce n'est pas facile pour eux de rester cloîtrés durant des jours dans un espace clos, même s'ils ont eu tout ce qu'ils ont demandé, y compris le flexy et des animations nocturnes». Notre interlocuteur, en insistant sur la nécessité de trouver une solution définitive aux réfugiés, révèle que «sur 207 personnes, 107 ont réussi à s'enfuir du camp, pendant la nuit». Dans la nuit, mais également dans la journée, puisque les plus jeunes sont autorisés à sortir dans le village Saket pour recharger leur téléphone portable, trompant ainsi la vigilance des services de sécurité et des bénévoles présents sur les lieux. Soulaïmane, lui, est resté. «Pour l'heure, je crois à la bonne foi des autorités algériennes», dit-il tantôt en arabe dialectal qu'il a appris, tantôt en français et avec des bribes de targui
. «Notre souhait est que l'Etat algérien nous autorise à travailler, à défaut d'une régularisation sur le sol algérien. J'ai cherché du travail dans les chantiers mais les patrons refusent, ne pouvant pas fournir une assurance. Nous avons subsisté grâce aux dons de généreux citoyens, mais au fond de moi-même, j'ai honte. Honte parce que ce n'est pas des bras qui me manquent pour travailler, mais c'est le fait que nous n'avons aucun papier».
Caressant la tête de son enfant, Aïssa, qui se trémoussait, Soulaïmane lève les yeux en disant : «Je suis désolé mais je dois dire aussi que certains nous voient comme des animaux sales et porteurs de maladies, mais je n'en veux à personne.» Invité à commenter la demande du gouvernement nigérien relative au rapatriement des déplacés nigériens entrés illégalement en Algérie, notre interlocuteur, après avoir poussé un soupir, explique : «Je suis d'accord pour rentrer dans mon pays. Mais que nos responsables nous prennent en charge comme il se doit en fournissant du travail et des conditions de vie décente… Ce n'est pas de gaieté de cœur que j'ai quitté ma terre natale.»
Ce que ne sait pas Soulaïmane, c'est que le train vers des camps pour migrants situés dans le sud du pays est en marche. Ainsi, les promesses faites dans les déclarations de Benghebrit, la ministre algérienne de l'Education nationale, au sujet de la scolarisation des enfants issus de l'immigration clandestine, sont des mots vains. Pour Soulaïmane, il n'y a pas d'autre solution tant que la famine et la misère rythment la vie «chez nous».
Les migrants en appellent à leur gouvernement. Avant de quitter le camp, le migrant a tenu à dire : «Même s'ils nous rapatrient, nous reviendrons au péril de notre vie. Dans le Sud algérien et partout dans les villes de votre pays, il y a des milliers de femmes enceintes dont les bébés naîtront sans état civil. Chaque jour que Dieu fait, des centaines de migrants entrent en Algérie, mais ce n'est pas tout le monde qui survit à la rude épreuve de la traversée du désert. Il est temps que l'Etat nigérien prenne ses responsabilités, car il est vrai que nous ne pouvons pas trop demander aux Algériens.»


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