Selon Pétrostratégies, il n'est pas sûr qu'une guerre des prix puisse arriver à torpiller l'industrie des non-conventionnels. L'évolution actuelle du marché du pétrole inquiète les experts. La possibilité de ne voir qu'une baisse conjoncturelle des cours du brut est de plus en plus mise en doute. A ce titre, la revue dirigée par Pierre Terzian, Pétrostratégies, soulève la question de l'impact d'une baisse prolongée des cours sur les pays membres de l'OPEP et sur l'industrie du pétrole, notamment des schistes. Un article publié lors de la dernière livraison de la revue spécialisée estime d'emblée qu'en décidant le maintien du plafond de production à 30 millions de barils/jour (b/j), l'Arabie Saoudite «a engagé l'OPEP sur une voie incertaine et risquée, en l'obligeant à assumer un pari dont le coût sera extrêmement élevé pour les producteurs, sans que les résultats (faire obstacle au pétrole de schiste, ndlr) en soient garantis». Il est vrai que depuis jeudi, les explications se multiplient pour justifier l'attitude de l'Arabie Saoudite. Le ministre saoudien du pétrole, Ali Al Naimi, a usé de l'argument de la nécessité de combattre l'expansion des schistes américains, lors de la réunion de Vienne. Pourtant et selon Pétrostratégies, il n'est pas sûr qu'une guerre des prix puisse arriver à torpiller l'industrie des non-conventionnels, et si cela s'avère possible, la publication pose la question de la capacité des pays membres de l'OPEP à supporter une telle guerre. Le fait est qu'à travers la décision de jeudi, l'OPEP et l'Arabie Saoudite acceptent le risque «d'un doublement du surplus de l'offre de brut sur le marché en 2015 (…) qui pourrait atteindre 1,35 million de b/j, au lieu de 750 000 b/j en 2014». Et d'ajouter qu'elle en fait même une arme commerciale. Expliquant que l'attitude de l'Arabie saoudite, qui a baissé ses différentiels de prix, a amplifié la chute des cours du brut, Pétrostratégies précise que le baril a perdu 40% de sa valeur, soit 45 dollars. Cela a eu certes pour impact le début de la diminution des investissements de forage de nouveaux puits non conventionnels en Amérique du Nord, où la croissance de la production devrait être de 300 000 à 400 000 b/j inférieure aux projections. La publication estime toutefois que la baisse devrait être trois à quatre fois plus importante pour éliminer l'excédent de l'offre sur le marché. Elle explique ainsi que les prix devront donc encore chuter jusqu'à ce que les coûts de production des schistes soient touchés. C'est dire que le baril de brent devra descendre en dessous de la barre des 60 dollars. Et encore, les productions ne s'arrêteront pas tout de suite, vu que les producteurs de schistes ont prévendu leur production avant la baisse des cours et qu'ils ont couvert pour un certain temps leurs coûts de forage. Petrostratégies explique aussi que les investissements dans les schistes reprendraient dès la reprise des cours du brut. A ce moment-là, les producteurs prendront en considération l'hypothèse de prix bas et tendraient à réduire leurs coûts. La publication s'interroge ainsi sur la capacité de l'Arabie Saoudite et des pays de l'OPEP de mener une guerre des prix à 50 ou 55 dollars le baril et pour combien de temps.