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Vieillir loin de l'Algérie
Ali et Bachir, deux papys à Paris
Publié dans El Watan le 04 - 12 - 2014

Le premier est brun, le second aussi. L'un est grand, l'autre très grand. Ils se sont connus dans les années 1950 dans le centre de la France. Avant de s'installer définitivement à Paris. A la retraite tous les deux, Ali et Bachir n'envisagent pas de vieillir en Algérie.
Son avenir, il le conjugue au passé. De la conjugaison, il n'a retenu que le présent, un présent continu qui se moque du subjonctif. Du 9e étage, il a Paris à ses pieds. Depuis les hauteurs du XXe arrondissement, la nuit parisienne est un tableau de lumières avec la Tour Eiffel en ligne de mire. Pourtant, il ne s'attarde jamais devant sa fenêtre. Sauf en cas d'une météo capricieuse.
Les souvenirs gomment les difficultés. Ali se souvient de son arrivée en France à l'âge de 14 ans. Du voyage en bateau, de son arrivée à Paris, que des images floues. Le Morvan, oui, il peut presque en sentir encore l'humidité de l'hiver. Et des parties de cache-cache avec les gendarmes. Il vendait à la sauvette «toutes sortes de choses», des stylos multicolores à des miroirs fantaisie, en passant par des briquets que «le vent n'éteint pas». Que des souvenirs heureux alors qu'il était apprenti marchand ambulant. «Les paysans, qu'ils soient Français ou Algériens, sont pareils : pudiques, candides et bûcheurs.»
Sa relation avec la France a toujours été confuse. Il y vit depuis 1956, mais se sent toujours comme intrus. La loi facilitant l'acquisition de la nationalité française pour les chibanis l'a très perturbé. Pudiquement, il dira que sa réflexion n'est pas aboutie. Impression de malaise.
Aujourd'hui, il a rendez-vous avec son ami de toujours, Bachir. A eux deux, ils comptabilisent plus d'un siècle de présence en France. Il le voit souvent à l'extérieur, rarement dans sa chambre Sonacotra. Trop exiguë, trop intime. Entre le lit, la télévision et la cabine de douche, pas assez de place pour s'y mouvoir à deux. Mais il n'est pas question de partager la cuisine collective à la disposition de tous les locataires de l'étage.
Impôts, hôtel et bilan de santé
Pourquoi rester en France et vivre dans une chambre dédiée à l'origine aux jeunes travailleurs ? Les réponses sont embarrassées. Ali est parti plusieurs fois définitivement en Algérie pour profiter de sa retraite. Autant d'échecs. Il finit toujours par revenir avec des excuses toutes prêtes : les impôts, les démarches administratives, un bilan de santé, etc. La raison, les raisons sont forcément ailleurs. Bachir, lui, habite dans un hôtel voué à la démolition, non loin de La Bastille. Retraité lui aussi, il se partage entre la Kabylie et Paris. Et depuis quelques années, plus souvent de ce côté-ci de la Méditerranée.
Les enfants ont grandi, certains sont mariés et ont des enfants. A la distance géographique est venue se greffer une distanciation affective. Ni Ali, ni Bachir (Lvachir) n'ont voulu faire venir les enfants en France, par peur qu'ils grandissent comme les Français. Comprendre valeurs individualistes. Résultat : ils ne les ont pas vus grandir, toujours embarrassés lors de leurs rencontres. Bilan : deux petits-fils et une petite-fille en France venus grossir les rangs des sans-papiers. Et si c'était à refaire ? Les deux conviennent qu'ils ne savent pas s'ils feraient le même choix.Seule certitude : ils continueront à faire des allers et retours sans poser leurs valises définitivement nulle part. Un peu étrangers ici et là-bas, un peu chez eux là-bas et ici. En Algérie et en France.


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