Le ministère des Finances a décidé, le 6 juin dernier, de retirer à cette compagnie l'agrément de la branche relative à l'assurance caution pendant une période transitoire de 2 années. Cette décision, prise en application des dispositions de l'ordonnance n°95-07 du 25 janvier 1995 relative aux assurances, intervient après que le tribunal de Bir Mourad Raïs eut épinglé Al Rayan Insurance Co-Spa pour octroi de garanties sur des « traites de complaisance » d'un montant de 548 millions de dinars. Celles-ci ont bénéficié à plusieurs sociétés appartenant à Ahmed Mouffok, l'ancien trésorier de l'ex-FIS, actuellement installé en Allemagne. Les pouvoirs publics ont, rappelle-t-on, déjà été conduits à prendre des mesures de sanction à l'encontre de la compagnie d'assurance Star Hana appartenant au groupe BCIA, actuellement en liquidation. Moins chanceuse que la compagnie Al Rayan Insurance, Star Hana a fait l'objet d'un retrait définitif d'agrément. L'information concernant le retrait partiel d'agrément à Al Rayan Insurance a été publiée dans le dernier numéro du Journal officiel. L'affaire en question a éclaté au moment du départ précipité en Europe (certains parlent de fuite), à la fin de l'année 2003, d'Ahmed Mouffok avec un magot estimé à plus de 5 milliards de dinars. L'ancien trésorier de l'ex-FIS, connu pour être le représentant de la firme automobile Volkswagen, a, pour souvenir, quitté Alger en laissant derrière lui des ardoises salées chez la CA Bank (1 milliard de dinars), la Rayan Bank (200 millions de dinars) et la banque Al Baraka (750 millions de dinars). Le scandale financier a toutefois commencé à être médiatisé à grande échelle lorsque l'associé de Mouffok, Omar Dechmi, patron de la CA Bank, a décidé de déposer plainte contre Al Rayan Insurance pour « non-remboursement de 11 traites d'un montant de 548 millions de dinars, établies par quatre sociétés commerciales domiciliées à la BDL, la BNA et la CA Bank au profit de deux sociétés appartenant à Ahmed Mouffok et avalisées, donc garanties à première demande, par Al Rayan Insurance ». Refusant de se laisser confiner dans le statut de coupable, la compagnie Al Rayan Insurance s'était défendue des griefs retenus contre elle en accusant, à son tour, son ancien directeur général, Djamel Benameur, de « complaisance » (lire El Watan du 23-24 août 2004). Ce dernier ayant lui aussi pris la fuite avant la découverte du pot aux roses. La contre-offensive de la compagnie d'assurance se traduira par des dépôts de plaintes contre Djamel Benameur et les entreprises de l'ancien trésorier de l'ex-FIS. Les investigations menées par la brigade économique de la sûreté de la wilaya d'Alger, dans le cadre de l'affaire, ont conclu à « une grande opération de traites de complaisance et d'abus de biens sociaux, dont Ahmed Mouffok était l'un des principaux auteurs et bénéficiaires ». Confirmant le résultat de l'enquête diligentée par les éléments de la DGSN, le tribunal de Bir Mourad Raïs a, pour sa part, placé sous mandat de dépôt l'ancien directeur général d'Al Rayan Insurance et mis sous contrôle judiciaire le représentant du groupe de Ahmed Mouffok. Un autre procès intenté par Al Rayan Insurance à l'encontre de CA Bank dans le cadre de la même affaire a permis, par ailleurs, à la compagnie d'assurance d'obtenir une saisie arrêt sur les comptes de la banque de Omar Dechmi (Lire El Watan du 5 août 2004). Il est à rappeler que, dans la foulée de la plainte déposée par Al Rayan Insurance, la Banque d'Algérie avait chargé une de ses commissions de contrôle de passer au peigne fin la gestion des comptes de la Compagnie algérienne de banque (CA Bank). A mentionner que l'affaire dite « Mouffok » n'est pas le premier scandale à secouer le secteur des assurances.
