Les nuits andalouses de Skikda ont été inaugurées, mercredi dernier, par une belle surprise qui laisse déjà présager de beaux augures au lyrisme local. Les adeptes du malouf, du chaâbi et de l'andalous ont ainsi eu à découvrir la toute nouvelle association musicale ; El Fen oua El Assala qui aura réussi, à travers ce baptême, à donner un récital digne des grandes écoles andalouses. Pour cette première, l'association en optant pour des extraits de la nouba mode ghrib, semblait apparemment chercher à se positionner en force et aussi à annoncer les couleurs d'une maîtrise technique et vocale irréprochable. Se permettant volontairement de décaler quelques mouvements, la troupe composée de 25 éléments et sous la direction de Me Majida Boulfoul, une heure durant, emplit l'enceinte du théâtre communal de Skikda d'allègres notes ponctuées par une impeccable présence scénique. De la touchia jusqu'au khlass du même mode, le public a eu à apprécier d'autres mouvements et aussi à écouter avec curiosité les deux voix de la troupe. D'abord, celle de Hocine Bourouba qui a excellé dans son interprétation du B'taïhi ' emla kou'ous el khilaâ' (emplis les verres de la passion). Le deuxième chantre, Toufik Boulfoul, et malgré son jeune âge et une timidité apparente, s'essayera à un istikhbar grhib des plus difficiles, mais arrivera tout de même à laisser entrevoir de grandes qualités vocales qui devront lui permettre d'acquérir une plus grande maturité. La cohésion des chœurs a, quant à elle, été très harmonieuse et elle a permis à l'ensemble de naviguer en continuité d'un mouvement à un autre avant de clore le récital en apothéose par un Khlass kelleftou bil bardi. Cette première, a été agréablement accueilli, par les connaisseurs qui y voient un signe évident de la relance musicale locale. D'autant plus, que les Skikdis sont de très grands fervents de ce genre musical qui se rapproche du malouf et du chaâbi. D'ailleurs, la composante même de la troupe El Fen oua El Assala est essentiellement formée de musiciens hétérogènes. Selon Lahmar Salih, président de l'association, à sa création en 2003, la troupe devait comme l'entendent ses propres initiateurs « consolider la diversité musicale locale en y rajoutant le genre Sanaâ (l'andalous de l'école algéroise) ». Encore jeune, l'association entend surtout à ambitionner pour parvenir à instaurer de véritables bases académiques en pérennisant l'andalous à Skikda. A cet effet, ses membres, tous d'anciens musiciens connus pour leur virtuosité et leur passion évoquent la volonté de l'association à se placer comme un tremplin de formation. « Pour ce faire, mentionne le président de l'association, nous avons juste besoin d'un local pour nous permettre de répéter et d'assurer la stabilité de la troupe. Car nous envisageons également de consolider la formation de nos musiciens et d'amorcer une formation de base pour assurer la relève ». Dans le même chapitre de projets, El Fen oua El Assala, qui a tenu à rendre hommage au directeur de la culture, ambitionne aussi de lancer une initiation au solfège au profit des enfants, incorporer des musiciennes, éditer une revue musicale et aussi de tenir des journées d'études concernant l'état des lieux des troupes musicales locales. Beaucoup d'ambitions pour une jeune association qui a déjà démontré ses preuves et qui mérite, rien que pour son récital, tous les encouragements et toutes les reconnaissances.