A Hassi Messaoud, des jeunes gens impatients protestent depuis plus d'une semaine en face de la daïra et de la base du 24 Février 1971. Ils ont décidé de se regrouper au niveau de l'emblématique base de Sonatrach contre le gré des responsables régionaux de la division forage et exploration ainsi que les administrateurs des associations de Sonatrach. Ils ont attendu avec impatience le délai d'une semaine accordé aux autorités de la ville, espérant l'arrivée des représentants de trois ministères, en l'occurrence ceux de l'Energie, de l'Habitat et de l'Emploi, pour expliquer leurs soucis et dénoncer le déni et le rejet de tout projet de développement de la ville de Hassi Messaoud qui les a vus naître et dans laquelle ils n'arrivent plus à vivre décemment. Le gel de la ville se ressent de plus en plus chez les plus jeunes, qui ne comprennent pas le pourquoi d'une décision qui prétexte en premier lieu la sécurité. Mais «puisque la sécurité des citoyens est le premier souci de l'Etat, où est la nouvelle ville promise ?» lance Kader qui ajoute que «la nouvelle ville de Ali Mendjeli a été construite en 10 ans, pourquoi pas Hassi Messaoud ?» Un autre citoyen déclare : «Pas question de nous délocaliser, nos repères sont là, 40% de la rente du pétrole du pays sont sous nos pieds et rien pour nous.» Smaïl, jeune diplômé en droit, lance : «Ce que nous n'arrivons pas à comprendre et comme nous l'avons expliqué dans notre plateforme de revendications, le Koweït et le Qatar sont plus pétroliers que nous, ils ont un désert comme le nôtre, mais personne n'a entendu parler de délocalisation.» La vie sociale devient insoutenable, les jeunes sont contraints de vivre aux crochets de leurs parents, tant trouver un poste de travail devient presque impossible à Hassi Messaoud. Les jeunes sont conscients de la réalité, ils sont amers : «Beaucoup nous taxent de rebelles de luxe parce que nous ne voulons pas travailler chez le privé ; c'est une vérité, nous voulons de vrais postes pour travailler dignement tant que cette ville nous offre cette opportunité.». La sous-traitance, le privé, de l'esclavagisme moderne, pour des enfants de la ville du pétrole qui ne connaissent que ça. «On ne pense pas beaucoup aux années de cotisation et à la retraite, mais il faut avouer que travailler sans assurance et sans couverture sociale, alors que des entreprises nationales et multinationales embauchent dans d'autres régions en offrant de bons salaires et des perspectives d'évolution professionnelle et sociale n'est pas une chose rationnelle pour un jeune», ajoutent-ils. A Hassi Messaoud, on réclame le projet des 4000 logements qui doit soulager les habitants de cette ville. Programmé face de la cité Bouamama, jusqu'aux 136 Logements, Sonatrach vient d'émettre des réserves sur le site et a installé une nouvelle sonde. En effet, il n'y a pas plus de 3 mois, alors que les habitants attendaient le lancement de la construction des logements annoncée par l'ex-wali de Ouargla, une entreprise de forage pétrolier a commencé son exploration à 50 m à vol d'oiseau du flanc de Bouamama. Première déception réprimée en silence en été. Pis encore, les jeunes qui ont cru pouvoir s'émanciper grâce à l'agriculture saharienne, n'ont pas été associés aux dernières distributions de Gassi Touil, dédiées, paraît-il, à de grands investisseurs ayant d'importants moyens financiers. Pour ces jeunes qui campent devant la plus grande base de Sonatrach, les solutions sont toutes simples : pourquoi donc les autorités aiment-elles compliquer les choses et pourquoi est-ce devenu si difficile de vivre à Hassi Messaoud ?