Placé en détention provisoire depuis plus de 16 mois, notre confrère Abdesamia Abdelhaï, attend toujours d'être jugé par le tribunal de Tébessa, qui l'accuse d'avoir «aidé», le 13 août 2013, Aboud Hicham, directeur du journal Mon journal, à rejoindre la Tunisie, alors qu'il était sous le coup d'une interdiction de sortie. Au sein de la corporation, de nombreuses actions de solidarité ont été menées, dont des pétitions exigeant la libération du confrère et des rassemblements de protestation. Hier, le mouvement Barakat a tenu un rassemblement à l'intérieur de la maison de la presse Tahar Djaout à Alger, appelant à la libération non seulement du journaliste incarcéré, mais également «des 20 000 personnes en détention provisoire qui attendent d'être jugées». Interdits de mener cette action dans la rue, les militants de ce mouvement se sont quand même rassemblés sur le seuil du bâtiment, encadrés par un dispositif de policiers. Le refus de ces derniers de ne laisser aucun des manifestant franchir le seuil de la Maison de la presse a suscité la colère de nombreux journalistes présents sur les lieux, et qui ont pris part à la manifestation. «Lorsque vous avez marché vers la Présidence, toute la presse vous a soutenu et a parlé de ‘‘révolution bleue''. Aujourd'hui, vous nous interdisez de protester. De quel droit ? Est-ce au nom de la gestion démocratique de la foule que défend votre directeur général Hamel ? Libérer notre confrère et nous ne rentrerons chez nous…», lance un journaliste à la face de l'officier de police qui supervise ses subordonnés. Les cris de colère fusent, alors que des pancartes sur lesquelles on pouvait lire «liberez Abdelhaï» sont hissées. Le rassemblement attire quelques badauds, mais aussi de nombreux journalistes, et se termine avec l'engagement des manifestants à revenir sur les lieux de la contestation. Le 19 décembre dernier, de nombreux journalistes et militants des droits de l'homme ont organisé un sit-in devant le ministère de la Justice, à El Biar (Alger), pour réclamer la libération du journaliste. Par cette action, ils ont voulu interpeller non seulement les autorités judiciaires, mais aussi l'opinion publique sur ce qu'ils estiment être une «grave dérive judiciaire» dont est victime Abdesamia Abdelhaï, père d'un enfant en bas âge, dont la place n'est certainement pas dans une prison.