Les jeunes de cette cité se débrouillent dès leur jeune âge. La cité manque de toutes les commodités nécessaires pour mener une vie digne. Certains quartiers de la capitale sont complètement délaissés par les pouvoirs publics. L'exemple qui illustre le plus cette situation c'est la cité El Fidha (ex-PLM), dans la commune de Bourouba. L'exiguïté des habitations ajoutée à un cadre de vie altéré donnent à l'existence dans cette fraction oubliée de la capitale une caractéristique qui relève de l'exploit. Le quartier est campé, comme aiment à le situer les anciens habitants d'El Harrach, sur la rive droite de l'oued, c'est-à-dire sur la rive la moins nantie. Et ce, par opposition à la rive gauche, où le cadre de vie des habitants est significativement meilleur. Le quartier est un conglomérat d'habitations difformes et mal agencées. Il est accroché à un flanc de montagne telle une malformation sur un visage gracieux. Les lots d'habitations sont entrecoupés par des rues qui, à partir de la gare ferroviaire, serpentent la montagne et aboutissent toutes aux abords de la cité Bachedjarrah, plus exactement au lieudit Haouch Hada. Dans les entrailles du quartier, il n'y a aucune commodité. Hormis les cafés qui grouillent de jeunes désœuvrés, il n'y a pas de structure dédiée au bien-être des habitants. «Nous n'avons ni salle de sport ni maison de jeunes. L'Etat nous a toujours délaissés. On se demande parfois si nous sommes des Algériens à part entière», fulminent des jeunes du quartier. Dans ce quartier, le temps semble s'être arrêté, on ne sait d'ailleurs à quelle période, tant les configurations urbaines s'entremêlent et embrouillent la vision. Tantôt on est face à des habitations récentes de forme cubique, tantôt face à des maisons aux toitures en tuiles et vétustes, déclinant de surcroît une autre période et un autre âge. A la cité El Fidha, tout le monde s'occupe tant bien que mal. Les activités de la débrouille font bon ménage avec celles dites officielles qui d'ailleurs ne représentent qu'une infime part. Elles sont le lot quotidien des jeunes du quartier, qui se livrent majoritairement au commerce de moindre cotation. Tout se vend à la cité PLM, la ferraille, les vieux habits, le tabac, les antennes, les téléphones mobiles et même les chiens. Les jeunes du quartier doivent gagner leur vie, même s'il faut quitter les bancs d'école très tôt. Ici, les inégalités avec les autres quartiers de la capitale ne sont guère à démontrer. Obligés de gagner leur vie dès leur plus jeune âge, des enfants quittent définitivement l'école pour la «dellala». Ils peuvent grâce à cet espace commercial informel subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles. A l'heure où les pouvoirs publics se mettent au diapason d'une tendance qui veut à tout prix glorifier des réalisations parfois inutiles, ils dissimulent en même temps des vérités flagrantes.