Le Conseil de sécurité de l'ONU a une nouvelle fois fait échec à une résolution palestinienne visant à ouvrir un dialogue pour la fin de l'occupation de l'Etat hébreu à horizon 2017. Un refus déploré par le gouvernement palestinien qui a demandé son adhésion à la CPI. Le «non» de la communauté internationale est un refrain que la Palestine ne connaît que trop bien, elle a eu l'occasion de l'expérimenter encore avant-hier, quand le Conseil de sécurité de l'ONU a refusé d'adopter la résolution soumise par le gouvernement de Mahmoud Abbas visant à la fin de la colonisation de la Palestine par l'entité sioniste d'ici 2017 et l'impulsion d'un dialogue entre Palestiniens et Israéliens, devant arriver à des résultats concrets avant 2016. Alors qu'une telle résolution avait besoin de neuf voix favorables, elle n'en n'engrangé que huit, dont celle de la France. Le résultat, s'il épargne pour l'instant l'Etat hébreu, n'enlève rien à «l'isolation grandissante d'Israël», comme le formule Mahmoud Abbas. En effet, cinq pays se sont en réalité abstenus de voter et parmi eux, la Grande-Bretagne pourtant connue pour son soutien indéfectible au gouvernement de l'entité sioniste. Les Etats-Unis se sont, sans surprise, opposés à la résolution palestinienne, forts de leur pouvoir de veto. En effet, la semaine précédant le vote, le département d'Etat avait affirmé «ne pas pouvoir soutenir la résolution du gouvernement palestinien en l'Etat». Les efforts souterrains d'amendement du Quai d'Orsay n'y ont rien changé, Washington étant, par principe, fermement imposé à l'imposition d'un quelconque calendrier au gouvernement de Benyamin Netannyahou. Pourtant, à bien des égards, la démarche palestinienne dénote de la volonté du gouvernement de consensus national, de passer par les voies ouvertes par le droit international afin de régler un conflit vieux de maintenant soixante ans. Ainsi, la Palestine, dans la foulée de sa défaite onusienne, a demandé son adhésion à la Cour pénale internationale (CPI) afin d'avoir la possibilité, en tant qu'Etat, d'engager la responsabilité des dirigeants israéliens, actuels et passés, «pour les crimes de guerre et crimes contre l'humanité qui ont été commis contre le peuple palestinien, sans relâche», a ainsi déclaré le président palestinien au moment solennel de la signature de la demande de reconnaissance de l'Etat de Palestine par la Haye. Anniversaire Plus encore, c'est la participation à une vingtaine d'autres instances internationales que la Palestine a demandé au même moment, poursuivant ainsi une stratégie rationnelle en termes de relations extérieures, privilégiant une approche normative et institutionnelle aux pourparlers informels avec Tel-Aviv qui se sont montrés, pour la plupart infructueux. D'abord, Etat observateur de l'ONU, puis membre de l'Unesco, le gouvernement palestinien gagne doucement sa place d'Etat fermement reconnu sur la scène internationale en attendant, peut-être, d'autres petites victoires du même acabit, en 2015. D'ailleurs, à l'occasion de la nouvelle année qui coïncide avec l'anniversaire du lancement de la révolution palestinienne, Abdelaziz Bouteflika a tenu à réaffirmer «le soutien indéfectible du peuple algérien à la cause palestinienne et la lutte pour le recouvrement de tous les droits nationaux spoliés». Et d'ajouter : «La Palestine jouit de l'appui de l'Algérie à tous les efforts internationaux visant un règlement de la question palestinienne pour permettre au peuple palestinien frère d'instaurer son Etat indépendant avec comme capitale Al-Qods.» L'intention est louable mais la vérité est que malgré le soutien de l'ensemble des Etats de la Ligue arabe à la récente résolution palestinienne présentée devant l'ONU, le constat d'échec et de blocage reste le même. Electricité En somme, le discours de soutien est invariant, voire stérile et la réalité géopolitique l'est tout autant, la Palestine étant éternellement tributaire d'un bloc occidental dont le soutien à Tel-Aviv, même s'il s'amenuise sensiblement, reste effarant de solidité et de constance. A Ghaza, «la population locale n'a jamais vraiment eu foi en cette résolution. Il est acquis depuis longtemps que l'ONU ne peut rien faire pour régler un problème sans fin», affirme une source locale. De plus, les dissensions politiques locales entre les différentes factions en place, mais aussi avec le gouvernement de Ramallah qui, officiellement, est en union avec le Hamas depuis mars dernier, font «que les Palestiniens, et surtout les Ghazaouis, pensent à la scène politique interne. Ici, on ne sait même pas si le Hamas gouverne vraiment avec l'assentiment de Ramallah». De toute manière, ce nouvel échec de la diplomatie palestinienne semble à des années lumière des préoccupations des Ghazaouis, dont les conditions de vie quotidienne sont de plus en plus pénibles. «Cela fait maintenant trois jours que nous vivons pratiquement sans électricité. Quatre heures par jour, voilà ce à quoi nous avons droit, et parfois, c'est entre 1h et 5h du matin», poursuit notre source. La faute à une centrale électrique défaillante et à une incapacité de la péninsule palestinienne, assiégée, de se ravitailler en ressources énergétiques. Face à cette réalité, le «non» de l'ONU, le «soutien indéfectible» des Arabes et les élucubrations géopolitiques ne sont qu'infiniment dérisoires.