Les révélations faites par le secrétaire général du comité exécutif de l'OLP, Yasser Abd Rabo, sur le contenu du plan américain visant à mettre un terme au conflit israélo-palestinien montrent à quel point la paix est encore loin. Celles-ci soulignent aussi l'urgence qu'il y a de retirer le dossier de la paix au Proche-Orient et de le remettre aux organismes internationaux. Ghaza. De notre correspondant Les conditions mises sur la table par les Américains sont toujours simplement inacceptables pour les Palestiniens. Eclaircissement. En plus d'être obligé de reconnaître l'Etat d'Israël comme Etat juif, le futur Etat palestinien, tel qu'imaginé par Washington, ne contrôlera pas ses frontières (les points de passage), son espace aérien et ses eaux territoriales. Bref, autant dire qu'il n'aura pas de souveraineté. Ce n'est pas tout : la ville sainte d'El Qods, occupée et annexée par Israël en 1967, ne sera pas sa capitale et Tel-Aviv gardera de grandes parties de la Cisjordanie sur lesquelles sont construites des colonies juives. Les réfugiés palestiniens n'auront par ailleurs pas la possibilité de rentrer dans leurs foyers ou de récupérer leurs terres desquelles ils ont été chassés par la force à l'aube de l'établissement de l'Etat hébreu en 1948. Voilà, en gros, la manière avec laquelle l'Administration américaine veut éteindre le conflit palestino-israélien. Une manière conforme en tous points aux desiderata israéliens. Les multiples navettes du secrétaire d'Etat américain, John Kerry, dans la région (une dizaine de visites depuis son installation à ce poste en février 2013) ne visaient nullement à obtenir un compromis sur les questions-clés du conflit, mais plutôt de faire pression sur les Palestiniens pour qu'ils acceptent «la paix israélienne». Une paix conforme aux souhaits du Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, et de sa coalition de droite et d'extrême droite qui n'ont jamais daigné reconnaître un minimum de droits au peuple palestinien. Washington, un obstacle à la paix Yasser Abd Rabo a fait ces révélations, mardi à Ramallah, après une réunion du comité exécutif de l'OLP. Aussi, la décision a été prise d'entreprendre les démarches nécessaires pour l'adhésion aux différents organismes de droit internationaux, dont notamment à la Cour pénale internationale (CPI). Cette adhésion est devenue possible depuis l'obtention de la Palestine du statut d'Etat non membre à l'ONU. Au lieu d'être un intermédiaire neutre pour avoir une chance de faire avancer un processus si compliqué, les Etats-Unis de par leur alignement sur les positions israéliennes deviennent un obstacle supplémentaire à la réalisation de tout progrès dans ce dossier. La supposée existence de différends entre le secrétaire d'Etat américain et certains hauts responsables israéliens, dont le ministre de la Guerre, Moshe Yaalon, semblent faire partie d'une manœuvre (un scénario proche du théâtre) visant à persuader l'opinion mondiale que le plan américain est favorable aux Palestiniens. Alors que dans la réalité, c'est totalement faux. Des éléments du contenu de l'accord- cadre américain sont maintenant connus du grand public. Il est très facile de constater qu'ils arrangent plus les Israéliens. Aussi, la direction palestinienne est convaincue que les négociations entamées avec Israël en juillet 2013 et qui devraient se poursuivre jusqu'au mois d'avril prochain n'aboutiront à rien de concret. «Personne en Palestine, ni dans le présent, ni dans le passé, ni dans le futur, ne peut signer un accord comme celui présenté par John Kerry», a affirmé Abd Rabo devant les journalistes au siège de l'OLP à Ramallah. Les Palestiniens avaient choisi en 2010 de quitter la table des négociations lorsque le gouvernement israélien avait refusé de mettre un terme à la colonisation. Actuellement, nous sommes dans le même cas de figure. Toutefois, le président Abbas veut aller au bout du délai prévu, soit avril 2014, pour ne pas endosser la responsabilité d'un nouvel échec. Tout le monde en Palestine s'attend maintenant à ce qu'Israël et les Etats-Unis multiplient les pressions économiques, politiques et militaires sur la direction palestinienne – qui s'est jusque-là montrée intransigeante sur les constantes palestiniennes – pour là contraindre à «marcher» dans leur plan. En 2000, Yasser Arafat avait dit «non» aux Israéliens et aux Américains à Camp David, aux Etats-Unis. La suite tout le monde la connaît. Il a été bloqué dans son siège largement démoli par les chars israéliens jusqu'à sa mort en 2004. D'ailleurs, les Palestiniens croient fermement qu'il a été assassiné par Israël. Aujourd'hui, le président Mahmoud Abbas est animé par la même détermination. Il a déclaré à maintes reprises qu'il était prêt à subir le même sort que Yasser Arafat si c'est le prix à payer pour arracher la liberté des Palestiniens.