En ce début d'année, la première qui devrait voir la mise en œuvre du programme quinquennal 2015-2019, les indicateurs ne sont guère rassurants avec la dégringolade des prix du pétrole. Parallèlement, les chantiers à finaliser et les projets en attente de lancement sont nombreux dans tous les secteurs. De l'agriculture à l'énergie en passant par la pêche, les ressources en eau, l'habitat et l'industrie, beaucoup de retard est à rattraper et un tas d'urgences à prendre en charge. De même pour les revendications socioprofessionnelles à satisfaire et les besoins exprimés au niveau local en matière de développement. Création d'emplois, raccordement des zones rurales en gaz naturel, réalisation et confortement des routes et amélioration de la gouvernance locale sont autant de questions à régler. Mais avec quels moyens ? Maintenant que les caisses de l'Etat se vident, difficile de concilier entre le plan d'austérité annoncé fin 2014 et tous ces dossiers avec une administration qui a pris goût au gaspillage et habituée aux rallonges budgétaires au cours de ces dernières années. Mais surtout faute d'un système de gouvernance efficace à tous les niveaux. Des carences qui risquent justement d'entraver la mise en œuvre de ce plan d'austérité, qui consiste entre autres à rationaliser et réajuster les importations, mais aussi à renforcer le contrôle des opérations de financement du commerce extérieur après avoir ouvert grandes les vannes aux barons de l'importation. L'administration jouera-t-elle le jeu et de quelle manière ? Les représentants du gouvernement qui ont eu à se prononcer jusque-là sur ledit plan se sont contentés de jouer les cartes de l'assurance, l'apaisement et des promesses sans en dévoiler les moyens à mettre en œuvre en termes de gestion et de suivi. Autrement dit, sans accorder la place qu'il faut au mode de gouvernance, comme ce fut le cas d'ailleurs lors des précédents programmes de développement et lors des épisodes de crises qu'a traversées le pays (crise alimentaire de 2008 par exemple). Et voilà qu'aujourd'hui, au moment où les perspectives s'annoncent sombres, on nous sort d'autres promesses au goût du déjà-vu. A titre illustratif, le ministre de l'Intérieur et des collectivités locales, Tayeb Belaïz, s'est engagé à «mettre fin à la bureaucratie en 2015, soulignant qu'un intérêt particulier sera accordé au développement local cette année une fois qu'il sera mis fin à la bureaucratie». Pour Belaïz, «le dossier du développement local fera l'objet d'un suivi quotidien à travers toutes les wilayas du pays». Difficile de croire à une telle promesse connaissant les moyens du bord. Et ce, d'autant que le gel des recrutements annoncé dans la Fonction publique ne joue pas en faveur d'un tel engagement. Un discours similaire a été tenu au lendemain des assises nationales sur le développement. Mais en vain. Pas de changements notables à enregistrer à ce niveau. En témoignent les mouvements de protestation déclenchés à travers certaines régions du pays pour demander la satisfaction des besoins locaux les plus élémentaires (gaz, eau, revêtement des routes...). Ainsi, après avoir géré l'aisance financière sur fond de laxisme comme l'ont relevé les experts, on renoue avec les fausses annonces. C'est le cas aussi dans le commerce avec le projet de recadrement des opérations d'importation après un enchaînement de dépenses pour des achats non contrôlés durant la période d'opulence. Dans l'industrie, l'accent sera mis à la diversification de l'économie et au développement de la PME. Des chantiers interminables qui tardent à donner des résultats. C'est dire que 2015 ne sera que le prolongement de ces cinq dernières années, mais sur fond d'austérité. C'est là l'ingrédient de plus venu s'imposer pour fausser les calculs de l'Exécutif. Sans cette chute vertigineuse des cours de l'or noir, l'année 2015 n'aurait rien de particulier par rapport à celles qui l'ont précédée. Elle aurait été le prolongement du quinquennat 2010-2014. D'ailleurs, la poursuite de la construction de l'économie a été le mot d'ordre d'Abdelmalek Sellal lors de la campagne présidentielle et après l'annonce du programme de développement. Il aura fallu attendre la fin 2014 pour voir se dessiner les perspectives sombres pour l'économie nationale. C'est dans ce contexte que se tiendra le 13e round des négociations multilatérales pour l'accession de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) durant le premier trimestre 2015. Encore une rude épreuve pour l'Algérie cette année.