Capacité d'absorption À moins d'un an de la fin du second plan quinquennal sous l'ère du président Bouteflika, on peut enregistrer beaucoup de réalisations achevées en termes d'infrastructures. L'Algérie compte quasiment une université ou centre universitaire dans chaque wilaya. Les conditions d'approvisionnement en eau et d'accès au gaz se sont améliorées pour la majorité de la population. Le nombre de logements réalisés ou en cours de réalisation est sans précédent dans l'histoire postindépendance du pays. Pour de nombreux indices de développement humain, l'Algérie a atteint les objectifs du millénaire fixés par les Nations unies bien avant l'échéance de 2015. Cela signifie-t-il pour autant que nos gouvernants ont gagné la bataille de l'efficacité des dépenses publiques ? On est loin du compte. Il suffit de poser un regard rétrospectif sur les ambitions du plan quinquennal 2005-2009 et de les mettre en perspective avec les réalités du terrain, à l'orée de la fin du plan quinquennal 2010-2014, pour conclure que des mégaprojets prévus pour être achevés au début du second quinquennat ne le seront qu'au cours du plan quinquennal 2015-2019. C'est le cas des nouveaux stades, de l'autoroute Est-Ouest et de certains tronçons de la rocade ferroviaire nord prévue pour être modernisée au plus tard fin 2009. Ces énormes retards reflètent l'ampleur du phénomène de gaspillage de l'argent public. En effet, on estime entre 20 et 50% les surcoûts liés aux glissements des plannings de travaux, soit des pertes estimées à des dizaines de milliards de dollars. Elles renvoient à la faible capacité d'absorption de notre économie. Il est frappant que cette insuffisance pointée du doigt dans les années 1990 n'ait pas été corrigée depuis. Le triptyque respect des délais, des coûts et des normes de qualité reste un slogan pour une multitude de projets engagés au cours des plans quinquennaux 2005-2009 et 2010-2014. Cette situation pose un véritable problème de gouvernance. S'en soucie-t-on ? Les pouvoirs publics ne semblent pas préoccupés outre mesure par ce grand gaspillage de l'argent public. Puisqu'aucune évaluation de ces plans annuellement ou à mi-étape n'est effectuée pour corriger le tir. Dans la foulée, on annonce un nouveau plan quinquennal 2015-2019 sans prévoir l'exercice d'évaluation des deux précédents. À cette allure, les programmes de relance s'assimilent à la distribution de grosses enveloppes du Trésor ou trivialement de gros sacs d'argent. Au lieu d'un sérieux contrôle et suivi des travaux et d'une mise en œuvre rigoureuse des règles universelles de management des projets. Ces plans consignent, autrement dit, de longues listes de projets au lieu d'introductions en parallèle de changements structurels pour mieux maîtriser la dépense publique. On n'a pas agi durant toute une décennie sur le renforcement des capacités nationales d'étude et de réalisation à travers l'émergence de grands bureaux d'études, de grandes entreprises publiques ou privées, de partenariats public-privé. On se retrouve finalement devant des programmes de relance superficiels où l'essentiel des chantiers de réformes structurels pour maîtriser les projets n'est pas mis en œuvre. Une autre logique semble avoir prévalu : le détournement des projets par les réseaux de corruption Nom Adresse email