La répression des manifestations anti-gaz de schiste à In Salah a fait réagir la classe politique et le mouvement associatif. Opposés à l'exploitation de cette énergie non conventionnelle, des partis, acteurs politiques et l'association RAJ dénoncent le recours des autorités à la force contre les manifestants, au lieu de dialoguer avec eux. En effet, le RCD, le mouvement Ennahda, Ali Benflis et l'association RAJ réaffirment leur soutien à la population locale. Dans un communiqué rendu public hier, le RCD rappelle d'abord la situation qui prévaut dans la région depuis le début de la semaine et condamne «avec la plus grande fermeté la répression qui s'abat sur les populations du Sud». «Il, (le parti, ndlr) avertit contre les périls qui pèsent sur la nation à cause d'une politique qui redistribue la richesse nationale en fonction des rapports de force construits et entretenus par les clans au pouvoir. La stratégie de répression-corruption a fait son temps. Seule une scène publique assainie et transparente et l'arbitrage citoyen peuvent éviter le pire à la nation», précise le RCD dans ce document. Réagissant également à cette situation, le mouvement Ennahda dénonce d'abord «le recours du gouvernement à la solution de facilité pour trouver une alternative à son échec économique à travers l'exploitation du gaz de schiste, qui est, de l'avis des experts, une menace pour les personnes et l'environnement». «La population locale ne doit pas payer le prix de l'échec de la politique économique du pouvoir, qui a gaspillé des richesses financières obtenues grâce à la rente pétrolière», précise Ennahda dans un communiqué. Cette formation politique appelle également le pouvoir «à engager un dialogue sérieux avec la population et à surseoir à l'exploitation du gaz de schiste». De son côté, le président du Parti de l'avant-garde des libertés, en cours de légalisation, Ali Benflis, estime que «les événements d'In Salah et de Tamanrasset reflètent une rupture dangereuse du dialogue social et de la nécessaire relation de confiance entre les gouvernants et les gouvernés». «Les événements d'In Salah ne sont que la conséquence directe et logique de ces pratiques et de ces comportements, qui ne prennent en compte ni les mises en garde de l'expertise nationale, ni les préoccupations et les inquiétudes exprimées par les citoyens. Et ce sont précisément ces préoccupations et ces inquiétudes légitimes que le gouvernement aurait dû prévoir et qu'il aurait dû s'employer à prévenir en étant à l'écoute de nos concitoyens et en s'acquittant à leur égard de son devoir d'explication et de persuasion», explique-t-il dans une déclaration rendue publique. L'association RAJ se solidarise et soutient le mouvement pacifique de protestation contre l'exploitation de gaz de schiste à In Salah. Elle appelle aussi à l'ouverture d'un large débat avec la participation de la société civile et des experts pour tracer une nouvelle stratégie et une politique énergétique qui garantissent à la fois la protection de l'environnement et l'exploitation rationnelle de l'énergie sans compromettre ni hypothéquer l'avenir des générations futures. Le mouvement Barakat, de son côté, se déclare également solidaire «de nos concitoyens d'In Salah et invite tous les Algériens soucieux de l'avenir de leur pays à faire barrage à ces méthodes avilissantes d'exploitation dignes des pratiques coloniales».